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Le journal de Pok
8 novembre 2021

"Pig" de Michael Sarnoski : Ratatouille à la truffe...

Pig affiche

La question est : était-il avisé de la part de Michael Sarnoski de réaliser son premier long-métrage, un film « indie », lent, contemplatif et relativement « sérieux », en prenant Nicolas Cage comme vedette, qui plus est sur un pitch qui suggère un bon vieux revenge movie des familles ? N’était-ce pas attirer « le mauvais genre » de spectateurs dans les salles et couler d’avance toute chance de succès de son "Pig" ? Cage, l’homme qui a coulé sa carrière plus sûrement que n’importe quelle star hollywoodienne, et sacrifié son talent de grand interprète excessif sur l’autel de séries B indignes, ayant co-produit le film, on imagine que cette question n’a pas pu réellement se poser…

Rob est un « homme des bois » vivant, coupé de toute civilisation, dans les sombres forêts peu accueillantes de la région de Portland. Il survit grâce à la vente de truffes que sa truie « de compagnie » l’aide à déterrer… Jusqu’au jour où l’on viendra kidnapper l’animal, ce qui va, on l’imagine bien, énerver notre rude sauvage, qui se mettra en route pour Portland retrouver sa truie. A partir de là, le spectateur, qui attend logiquement de la baston, voire de la violence extrême, va aller de surprise en surprise. Et sans spoiler outre mesure le scénario étrange de "Pig", disons seulement que le film a finalement plus de points communs avec le "Ratatouille" de Pixar qu’avec les "Froide Vengeance" ou autre "Army of One" de la longue et déprimante filmographie récente de Nicolas Cage.

Pour peu qu’on admette les raccourcis d’un scénario qui en prend sans trop se préoccuper de les expliquer, qui dérape parfois dans le presque n’importe quoi, comme ce détour ineffable via "Fight Club" en plein milieu du film, et qu’on supporte de voir son protagoniste principal conduisant une enquête difficile couvert de boue, de sang, et sentant probablement terriblement mauvais, sans que cela ne gêne visiblement personne, on reconnaîtra que "Pig" ne manque pas d’atouts. Le premier est l’interprétation monolithique d’un Cage qui a fait le choix – cette fois – d’une sobriété étonnante : s’il éructe dix phrases en une heure et demie, c’est un maximum, et il ne porte sur le visage, enfin ce que l’on en devine derrière la crasse et la barbe, une seule et unique expression !

Le second, non négligeable, est l’originalité de cette histoire qui nous fait découvrir les arrière-cuisines des restaurants gastronomiques US, avec leurs concepts et le snobisme de leurs clients et de leurs chefs, et qui nous emmène donc bien loin des stéréotypes habituels du cinéma hollywoodien. Et d’une manière plus générale, on peut être séduit par l‘atmosphère totalement dépressive d’un monde pré-apocalyptique qui n’attend plus que le grand tremblement de terre et le dernier tsunami pour accepter son engloutissement définitif : l’amour est mort, ou en réanimation, l’amitié est un leurre que l’argent a corrompu depuis longtemps, et ne parlons même pas de la paternité, une illusion surévaluée !

Quand le film se clôt sur une version dévastée du "I’m on Fire" de Springsteen, qui serre le cœur, on a du mal à savoir où l’on en est. Dans la salle, quelques applaudissements ont éclaté, de manière improbable, pendant que pas mal de spectateurs fuyaient la tête basse, comme s’ils étaient un peu honteux d’avoir assisté à… ça !

Il est difficile de recommander "Pig", porté par des critiques positives qui le surévaluent largement, mais il s’agit d’une expérience de cinéma étonnante, si ce n’est totalement réussie.

 

 

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