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Le journal de Pok
26 septembre 2021

"Boss Level" de Joe Carnahan : on regrette John McTiernan...

Boss Level affiche

Joe Carnahan est un scénariste, réalisateur et producteur relativement ambitieux de films d’action, un genre qui n’a malheureusement connu qu’un seul John McTiernan dans sa longue et difficile histoire. Et Carnahan a, après des débuts remarqués avec "Narc", de fait aligné les ratages, qui l’ont fait peu à peu disparaître de la liste des espoirs du cinéma de genre. Jusqu’à ce "Boss Level", qui n’a pas réussi à séduire la distribution malgré les noms de Mel Gibson (qui ?) et de Naomi Watts – tous deux en mode “off” dans le film, il est vrai – dans des seconds rôles, et qui est sorti directement en VOD, avant que Prime Vidéo ne lui donne une seconde chance d’être vu et réévalué.

Ce qui est significatif, c’est l’extrême divergence des avis sur "Boss Level", et le grand écart entre très enthousiastes et très méprisants, ce qui est très fréquent avec les films de Carnahan. Le scénario n’est pas inintéressant, recyclant la répétition sans fin d’une même journée d’un protagoniste qui doit trouver comment sortir de ce piège : un sujet dont "Groundhog Day" reste le modèle indépassable et que "Palm Springs" – sur Prime aussi – avait joliment réactivé. L’idée de Carnahan est plutôt de jouer la similitude de cette situation avec le parcours d’un joueur de vidéogames classiques, de type « shoot’em all » : l’éternel retour du même offre au protagoniste / joueur la possibilité d’explorer un monde à topographier, dont les mécanismes – même s’il s’agit ici du monde réel du protagoniste – doivent être déchiffrés. La pratique rendant parfait, la répétition des mêmes gestes assure également une montée en compétences – guerrières, même si notre protagoniste est déjà au départ un militaire aguerri -, comme illustré dans la dernière partie du film, avec son apprentissage du jian, l’épée chinoise. Tout cela n’est pas d’une originalité folle mais a néanmoins le mérite de ne pas nous ennuyer, et ce d’autant que le film choisit la voie de l’humour décomplexé…

… mis à part lors d’un long flashback, beaucoup trop explicatif, au centre du film, alourdi par des dialogues inutiles, et dont on se serait bien passé : trop long d’une bonne vingtaine de minutes, "Boss Level" réjouit quand il déverse sur nous des scènes de violence dignes des dessins animés de Tex Avery, émaillées de dialogues amusants, ou encore quand il confie les clés du camion à de savoureux personnages secondaires, généralement bien troussés (avec au centre de l’action un réjouissant Chef Jake, patron de restaurant asiatique – Ken Jeong, le Mr. Chow de "Very Bad Trip" – et Dave, l’un de ses clients bien allumés).

Frank Grillo, qui n’a rien d’un acteur charismatique, fait plutôt bien l’affaire en combattant totalement « destroy », prêt à mourir autant de fois que nécessaire pour arriver à la fin de la journée : le spectateur se prendra facilement d’affection pour ce raté dont les performances physiques ne compensent jamais tout-à-fait sa lourdeur primaire de héros badass. Pourquoi Carnahan lui rajoute-t-il dans la dernière ligne droite nombre de situations larmoyants avec un fils retrouvé et une ex-femme dont il regagne l’amour, c’est-à-dire le genre de niaiseries états-uniennes qui nous semblaient déjà ridicules dans les années 80, et que StalloneSchwarzie et Willis savaient éviter dans leurs films ? Le pire reste la conclusion, très lâche, qui voit Carnahan reconnaître qu’il n’a aucune idée de la manière de sortir de cette fameuse machine infernale qui lui a servi à justifier, assez piteusement, la boucle temporelle.

Avouons toutefois que, pendant une bonne moitié du film, nous nous sommes vraiment bien amusés, en dépit – ou peut-être à cause – de la vaste fumisterie qu’est finalement "Boss Level", multipliant dans une bonne humeur qui ne se dément jamais les morts violentes, les bastons absurdes, émaillés de running gags (l’irritante tueuse chinoise remportant la palme), sans parler d’erreurs basiques de script, de gaffes non corrigées (comme ce personnage féminin partageant le lit du héros dans la première scène, qui apparaît et disparaît comme par magie) et d’effets spéciaux peu soignés.

Bref, Boss Level se vit avant tout comme un (presque) bon moment régressif… ce qui est plutôt mieux que ce que la majorité des films d’action récents nous ont offert.

 

 

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