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Le journal de Pok
21 septembre 2021

"Post Mortem : Personne ne meurt à Skarnes" de Petter Holmsen : Fårgø (Seks føtter under)

Post Mortem Affiche

On reste admiratif devant la capacité du mythe du vampire de se transmettre à travers les siècles et les cultures, de se régénérer et de rester pertinent à toutes époques, de continuer à traduire nos peurs les plus intimes comme nos obsessions du moment. Dans "Post Mortem : Personne ne meurt à Skarnes", (trop ?) discrète série TV norvégienne, qui devrait pouvoir séduire les cinéphiles un peu exigeants – en dépit de quelques faiblesses qui l’empêchent de réaliser complètement le potentiel de son sujet -, on constate rapidement l’abandon du folklore gothique inhérent au vampirisme – ail, croix, miroirs et même lumière du jour – en faveur de sujets bien plus actuels, comme la génétique et la contamination. Plus de romantisme plus ou moins sulfureux non plus, puisqu’on est en pleine trivialité « scandinave », où on appelle un chat un chat. Et, pour qui a été horrifié à jamais par la série "Twilight", et pensait que les vampires ne s’en remettraient jamais, c’est tout-à-fait rafraîchissant !

Cette histoire, délirante mais traitées avec un indiscutable réalisme, d’une infirmière dont le vampirisme, hérité de sa mère, fait son apparition par suite d’une agression dont nous découvrirons la nature et la cause au fil des 6 épisodes, et qui meurt, ressuscite, et doit se résoudre à écouter ses pulsions et tuer pour se nourrir de sang, semble, du coup, presque plausible. Tout au moins si l’on se raccroche à la vieille théorie du vampirisme comme infection du sang…

Mais, finalement, même si les tourments physiques et moraux de Live Hallangen (la très convaincante Kathrine Thorborg Johansen, belle inconnue qui porte sur ses épaules une grande partie de l’intérêt de "Post Mortem") sont au centre de la série, Petter Holmsen et son équipe ont décidé de construire et leur scénario, mais également le climat général de leur série autour de références fortes : la famille de Live, croque-morts de père en fils, affrontant des difficultés financières puisque établie dans la petite ville de Skarnes où “personne ne meurt !” (du moins jusqu’à ce que notre histoire débute !), cite largement "Six Feet Under" ; mais l’ambiance générale neurasthénique, déployant un sens de l’absurde qui frôle parfois le grotesque, tente de retrouver l’angoisse existentialiste d’un "Fargo" (ce qui n’est pas illogique, si l’on se souvient de l’origine scandinave d’une bonne partie de la ville de Fargo)…

Malheureusement cet équilibre instable – difficile – entre horreur, dérision et dépression, dont les Frères Coen sont clairement les rois, est sans aucun doute bien au-dessus des compétences de l’équipe de "Post Mortem" : cela fonctionne certes occasionnellement – comme lorsque Odd, le frère de l’héroïne s’embarque involontairement dans un transport de cadavre farci de drogue, ou encore grâce à des personnages très singuliers comme celui de Judith (Kim Fairchild), chef de la police locale, à la fois totalement désabusée et finalement très accrocheuse, qui n’est pas sans rappeler l’inoubliable Marge Gunderson de "Fargo", ou encore celui de l’épouse d’Odd, femme amoureuse et perpétuellement positive qui semble illuminer la série à chaque apparition – mais cela manque sa cible trop souvent pour que la série soit la véritable réussite qu’elle promettait d’être.

Mais, au diable ces réserves ! "Post Mortem : Personne ne meurt à Skarnes" tranche tellement franchement par rapport aux séries Netflix habituelles qu’il serait dommage de passer à côté. Et, pour une fois, même s’il ne semble pas qu’une seconde saison soit prévue, la conclusion à demi suspendue du dernier épisode nous donne envie de poursuivre l’aventure (sanglante) de Live.

 

 

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