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Le journal de Pok
11 avril 2021

"Dylanographie" de Nicolas Livecchi : multitude...

dylanographie couverture

Bob Dylan fête cette année ces 80 ans et ses 60 ans de carrière, puisque 1961 vit la parution de son premier album alors qu’il n’avait que 20 ans. Dylan est évidemment une sorte de « monument » pour une grande majorité des gens qui ont connu les années 60, mais, malgré plusieurs décennies pour le moins erratiques, il aura toujours réussi à publier au fil du temps des albums suffisamment pertinents, voire parfois magnifiques, pour ne jamais être totalement disqualifié artistiquement. L’attribution – méritée à notre avis – du Prix Nobel de littérature, et un retour au sommet de son talent l’année dernière avec le duo "Murder Most Foul / Rough and Rowdy Ways" a même ramené Dylan au sommet de l’actualité musicale, de manière inattendue. En 2021, être passionné par l’œuvre, immense et protéiforme de Bob Dylan n’a donc rien d’absurde, et ce d’autant que la puissance de son verbe, l’intensité de son « flow », la validité de sa vision sociale ou politique en feraient même un modèle pour les rappeurs contemporains…

Le problème que "Dylanographie", l’étonnant travail de Nicolas Livecchi, tente d’adresser est l’incroyable difficulté de s’y retrouver dans le colossal corpus dylanien : c’est la bagatelle de 10.173 références d’albums différents que le site Discogs recense comme « relatifs à Bob Dylan », et même si, commercialement, il est probable que l’on ne puisse guère acquérir plus d’un millier de disques (CDs ou vinyles, officiels ou pirates semi-officiels…) différents de, avec et sur Dylan, il faut bien admettre que la raison vacille devant de tels chiffres. Comment le néophyte peut-il même imaginer d’aborder ce continent musical ? Comment, à l’autre bout du spectre, le passionné peut-il être certain qu’il connaît toutes les œuvres essentielles de Robert Zimmerman ? Eh bien, disons qu’en ce moment exact dans l’espace-temps, avant que tout ne change à nouveau avec la virtualisation inévitable d’une telle œuvre, l’ouvrage de Livecchi est la meilleure solution.

"Dylanographie" est organisé, assez logiquement, de manière chronologique, avec chaque chapitre couvrant une période construite autour d’un thème, de "Woody / les Débuts (1958-1962)" à "Nobel / Période Blues (1997-2020)", le tout précédé par une revue des anthologies et compilations – un choix étonnant que Livecchi considère comme des portes d’entrée pratiques à l’œuvre dylanienne – et suivi par "Dylan avant Dylan" (une revue de ses influences), "Dylan après Dylan" (une revue des reprises de ses chansons) et "50 chansons" (des chansons qui ne figurent dans aucun des albums précités ! Eh oui, il y en a !!!). Dans chaque chapitre, Livecchi passe en revue les albums officiels, les albums du « marché parallèle », les archives, les livres, etc., en enrichissant chaque entrée d’une brève mais la plupart du temps excellente critique. Et pour les néophytes ou les lecteurs pressés, les œuvres majeures, indispensables, de "Blonde on Blonde" à "Rough and Rowdy Ways" en passant par "Blood On the Tracks" et le film de Scorsese "No Direction Home", sont clairement mises en exergue : nous vous conseillerons de commencer par lire ces critiques assorties d’un petit cœur et posées sur fond vert, puisqu’elles distillent l’essence de ce que Dylan signifie… et qu’elles vous donneront forcément envie de lire le reste, et surtout de plonger dans le grand bain de la dylanophilie, voire de la dylanomanie…

… Car, et c’est important, Nicolas Livecchi n’est pas seulement un expert du sujet, un passionné de musique, mais il écrit sacrément bien, ce qui n’est pas fréquent dans ce genre d’ouvrage, mais en rend la lecture très plaisante, addictive même.

 

 

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