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Le journal de Pok
27 mars 2021

"Small Axe : Education" de Steve McQueen : sous le tapis...

Small Axe Education Affiche

Les cinq films de Steve McQueen composant le corpus Small Axe, présenté comme une série TV qu’il n’est pas vraiment, constituent l’un des plus remarquables travaux de mémoire réalisés de ce côté de l’Atlantique sur le racisme systématique dont sont victimes les populations immigrées, surtout si elles ont la peau foncée.

Il est logique que Education, le dernier volet de Small Axe, celui qui permet d’ouvrir la thématique du rejet des populations immigrées vers un avenir possible, traite de l’éducation. On se souvient d’ailleurs que l’une des dernières scènes d’Alex Wheatle était un prêche enflammé pour l’éducation des jeunes antillais rebelles, qui seraient “incapables d’avoir un avenir sans connaître leur passé”, prêche qui changeait d’ailleurs, et pour le meilleur, la trajectoire du jeune Alex. On notera aussi qu’au cœur de la “réussite” difficile de Leroy Logan dans Red, White and Blue, il y avait ses succès scolaires : ce n’était qu’en étant un élève exceptionnel que Leroy pouvait espérer “changer le monde”. Education montre – au contraire ? – que l’éducation n’est pas une chose facile d’accès quand on est marginalisé socialement et racialement : c’est une évidence, mais c’est aussi le genre d’évidence qu’il fait bon rappeler régulièrement. Le petit Kingsley Smith, enfant rêveur qui aimerait devenir astronaute, ne sait toujours pas lire à 12 ans et se comporte mal à l’école où il est la cible de quolibets de la part de ses condisciples, blancs pour la plupart : en application de la vieille technique qui veut que l’on dissimule la poussière en la balayant sous le tapis, on se débarrasse de lui en l’envoyant dans une école spécialisée pour enfants “à problèmes”, où il va sombrer encore plus. Comme tous les films sur la détresse et la révolte d’enfants “difficiles” (finalement, Kingsley n’est pas si différent du jeune Antoine Doinel des Quatre Cent Coups…), Education nous touche profondément… et les scènes montrant avec un réalisme bien tenu les aléas quotidiens de la famille Smith sont souvent précieuses. On regrettera en revanche une conclusion militante didactique qui montre Kingsley accédant enfin à la lecture une fois intégré dans un système d’éducation à domicile basé sur la transmission de l’héritage culturel africain : si cette conclusion est cohérente avec la diatribe entendue dans Alex Wheatle, elle reflète néanmoins un parti pris communautariste typique de la société britannique, bien éloigné du désir d’intégration – aussi difficile soit-elle – qui prévaut encore en France.

 

 

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