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Le journal de Pok
18 mars 2021

"Neil Young Archives Vol. II" de Neil Young : Les années les plus créatives du Loner

Neil Young Archives Vol II

Neil Young n’aura jamais cessé de nous surprendre. Au-delà du principal, c’est-à-dire son talent de compositeur, chanteur et guitariste qui l’a placé parmi les artistes les plus importants de sa génération, dépassant peut-être même le groupe qu’il rêvait de rejoindre dans sa jeunesse, les Rolling Stones, on est régulièrement éberlués par son obsession archiviste. Neil Young est aussi un homme d’affaires avisé au-delà de la musique, puisqu’on sait qu’il a été longtemps propriétaire d’une société très crédible de maquettes de trains électriques, et surtout qu’il vendit voilà quelques semaines (suivant en ça l’exemple de Dylan…) 50% des droits de sa musique à un fond d’investissement, s’assurant ainsi une vie confortable pour ses vieux jours et garantissant la sécurité financière de sa famille. Mais le plus étonnant, c’est bien que, depuis ses débuts, Neil a enregistré une large proportion de la musique qu’il composait ou jouait sur scène, et qu’il a conservé tout cela avec soin, au point d’être capable depuis la fin des années 2000, de produire un flux continu d’inédits, souvent passionnants, ainsi que deux volumineux coffrets qualifiés de "Neil Young Archives Vol. I" et "Vol. II", qui excitent à chaque fois le vaste monde des fans…

Plus de dix ans se sont quand même écoulés entre la parution du premier volume, qui était plutôt destiné aux fans « hardcore » puisqu’il couvrait largement les tous débuts d’un Neil Young qui n’avait pas encore trouvé sa voie, et ce nouvel objet de désir, qui semble, après une première écoute seulement, une affaire beaucoup, beaucoup plus sérieuse. Avec ces 10 albums qui couvrent la période généralement considérée comme la meilleure du point de vue créatif du Loner – de 1972, juste après son triomphe commercial avec "Harvest", jusqu’à 1976, avant la publication de l’hétéroclite "American Stars’n Bars", Neil Young nous permet de comprendre enfin presque complètement cette phase de sa vie difficile, qui le vit composer les chefs d’œuvre absolus de la « ditch trilogy », mais également réaliser puis abandonner plusieurs projets qui ne le satisfaisaient pas (ou que sa maison de disque n’aimait pas !) comme "Homegrown" – réapparu récemment – et "Chrome Dreams".

Comme dans le cas du premier volume, Neil tire un peu sur la corde en incluant ici des albums déjà parus comme les enregistrements live Tuscaloosa (une retranscription alternative au magnifique "Time Fades Away" – absent ici ! – de la tournée chaotique avec les Stray Gators ayant suivi "Harvest"…) et "Live at Roxy – Tonight’s the Night Live 73" (une merveille absolue, augmentée ici d’un titre !), et comme "Homegrown", justement. On peut tiquer sur ce procédé qui poussera les fans hardcore à investir deux fois pour la même musique, mais on admettra depuis que Neil a mis sa musique en accès payant à un prix très raisonnable sur un site Internet consacré à ces mêmes archives que les motivations derrière ces publications / republications tiennent probablement plus d’une maniaquerie de collectionneur jusqu’au-boutiste que d’une simple gloutonnerie financière !

On pourra passer rapidement sur le "Live Odeon / Budokan" de 1976 avec Crazy Horse, faisant la part trop belle à la partie acoustique du set, qui a déjà donné lieu d’ailleurs à l’assez moyen "Songs for Judy", et qui fait finalement assez pâle figure par rapport à de nombreux autres lives électriques avec le Crazy Horse. Le reste du coffret est en revanche une véritable mine d’or, et pas seulement pour les fans hardcore, puisqu’on y trouve des sessions de l’enregistrement des chefs d’œuvre "Tonight’s the Night", "On the Beach" et "Zuma" (qui devient ici Dume !… et qu’on écoutera comme une édition complète de "Zuma"…), mais également d’autres sessions pour l’album du Stills Young Band, avec CSN&Y et avec le Crazy Horse.

Beaucoup de versions nouvelles / inédites de chansons que l’on connaît mieux sous des formes différentes ("The Last Trip to Tulsa" ou "Pocahontas" en électrique, un régal !), et pas moins de 12 morceaux inédits sur les 131, même si, à sa manière habituelle, Neil a souvent recyclé les refrains ou les couplets de nombre de ces chansons non publiées dans d’autres compositions. Si l’on écoute les vrais spécialistes de l’œuvre désormais tentaculaire du Loner, on notera particulièrement l’apparition ici d’un très bel inédit complet, "Goodbye Christians on the Shore" (sur "Everybody’s Alone 72-73"), une ballade mélancolique particulièrement réussie, qui serait presque du « grand Neil Young », et la quasi-intégralité de "The Old Homestead", un enregistrement de 1974, largement acoustique, et presque totalement « inouï », qui témoigne, plus encore que le reste du coffre, de la créativité d’un artiste alors au faîte de son talent.

Sur le plan « technique », on remarquera que ce volume 2 n’existe qu’en format CD, à la différence du précédent qui avait été édité également en versions DVD et Bluray (avec une qualité sonore remarquable, et nombre de vidéos passionnantes qui brillent par leur absence cette fois). Une version Deluxe comprenant un livre de photos et de reproductions de documents de l’époque a été mise en vente en novembre dernier sur le site de Neil Young, et épuisée en quelques jours. Nous nous contenterons avec joie de la version « commerciale » désormais disponible en France, qui a le même contenu musical.

Il ne nous reste maintenant plus qu’à écouter attentivement, à savourer cette dizaine d’heures de musique exceptionnelle, de partager notre émerveillement avec tous ceux pour qui, comme nous, Neil Young compte énormément. Et à espérer la parution du troisième volume, en souhaitant que l’attente ne durera pas encore une fois dix ans !

 

 

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