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Le journal de Pok
14 mars 2021

"Malcolm & Marie" de Sam Levinson : ni amour ni folie...

Malcolm &Marie affiche

J'aime bien "Malcolm & Marie" justement parce que c'est un film dont je suis incapable après un seul visionnage de dire si je l'aime ou pas. Un truc bizarre qui échappe à mes idées préconçues et à mes grilles de lecture devenues standardisées après tant d'années.

C'est un film qui appartient à un "genre" plus très populaire à notre époque, où le scénario fait la loi, celui de la crise conjugale, de l'enfermement du couple pour un règlement de compte sans merci : le genre de truc où tout passe par la capacité du réalisateur et des acteurs à nous embarquer. BergmanPialat ou Cassavetes, pour citer les meilleurs, en ont fait des chefs d'œuvre, et on ne saura reprocher à Sam Levinson (surtout connu pour la série "Euphoria) de ne pas leur arriver à la cheville.

Par contre, avec un texte (trop) bien écrit et pertinent pour notre époque (la place des artistes non-blancs dans le monde de l'Art et du spectacle, le "male gaze", mais aussi la toxicité croissante du désir général de célébrité), mais qui est à côté de la plaque quand il s'agit de nous faire vivre une "scène de ménage", puisque l'on a plutôt droit à de longs monologues de chacun des deux protagonistes, qui ne seront jamais interrompus par l'autre - pourtant en train de se faire violemment prendre à partie -, "Malcolm & Marie" n'aura jamais la moindre crédibilité en tant que soi-disant règlement de comptes. D'où le gros problème du film, à mon avis : il nous satisfait, voire nous passionne en tant que réflexion sur la création, l'Art, le fonctionnement intime du couple même, mais il ne fait naître en nous aucune émotion. Ni Malcom (John David Washington,qui en fait des tonnes, sans doute pour rattraper son inexistence dans le dernier Nolan), ni Marie (Zendaya, qui emporte plus facilement notre adhésion, en particulier dans la première partie du film...) ne sont de plus des personnages assez "aimables" pour qu'on ait envie de s'intéresser le moins du monde à leur histoire d'amour ou simplement à leurs tourments. Mais ils ne deviennent jamais non plus assez "monstrueux" pour faire naître en nous une quelconque fascination (comme arrivaient à en créer un Bergman ou un Pialat...).

Ce qui a sauvé le film, pour moi, c'est la stylisation de l'image, des décors, de la mise en scène, qui transforme en spectacle élégant cette heure trois quart risquant à chaque moment de devenir pesante à force de frôler la vacuité. "Malcolm & Marie" est un très bel objet - ce noir & blanc, ce décor théâtral d'une maison vide de vie, ces brèves visions d'un paysage extérieur traité de manière quasi expressionniste -, qui nous parle de plein de choses intéressantes, mais qui a juste oublié que... la vie, ce n'est tout simplement pas ça. contrairement à ce que prétend le slogan de l'affiche, on ne verra ici ni Amour, ni Folie...

 

 

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