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Le journal de Pok
12 mars 2021

Revoyons les classiques du cinéma : "Les Patriotes" d'Eric Rochant (1994)

Les Patriotes affiche

Bien sûr, il est difficile de ne pas juger "les Patriotes", troisième film d'Eric Rochant qu'avait révélé en 1989 son premier grand succès commercial, "Un Monde sans Pitié", à l'aune de son "Bureau des Légendes", triomphe improbable de la série TV française, qui en reprend largement les thèmes principaux, avec le bénéfice de la maturité et de l'expérience. Contre le scénario de Rochant joue aussi notre amour inconditionnel pour la littérature de John Le Carré, dont les thématiques sont un peu trop proches de celle des "Patriotes" pour qu'on n'y voie pas une influence un peu étouffante...

Mais non, il est parfaitement injuste de dévaloriser ainsi un film qui, en toute honnêteté, est probablement le meilleur film français jamais réalisé sur l'espionnage international. Construit autour de deux interventions des services secrets israéliens qui se sont à peu près déroulées comme raconté ici (pour ce qu'on en sait), "les Patriotes" commence par nous fasciner : la complexité des situations, les techniques et manœuvres des professionnels du renseignement, le suspens permanent et la violence comme étouffée des rapports humains et des conflits, tout concourt à créer initialement chez le spectateur le plaisir complexe couramment ressenti devant les polars cérébraux (qui sont d'ailleurs devenus encore beaucoup plus à la mode depuis…).

Et puis, peu à peu, la gêne, puis le dégoût s'installent devant le manque de scrupules, l'absence totale d'humanité de ces "professionnels" : comme chez Le Carré, donc, on comprend viscéralement combien de monde du renseignement est profondément corrompu par la "nécessité" (?) du mensonge et de la manipulation. Avec le personnage d'Ariel Brenner (Yvan Attal, dans ce qui restera sans doute son meilleur rôle), jeune idéaliste talentueux rejoignant les rangs du Mossad (ou plutôt d'un service concurrent du Mossad), nous passons donc de l'enthousiasme que provoque la victoire de "l'intelligence" à l'horreur devant tant de vies détruites, d'idéaux piétinés, de morale méprisée… pour rien.

Cerise sur ce gâteau déjà fort bien "monté", "les Patriotes" bénéficie d'un casting impeccable de jeunes (et certains moins jeunes) acteurs à qui Rochant offre nombre de scènes mémorables… et en premier lieu une Sandrine Kiberlain encore peu connue à l'époque, qui s'imposait avec une sensualité torride et une impressionnante élégance. Ce n'est pas rien !

 

 

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