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Le journal de Pok
11 février 2021

"Bliss" de Mike Cahill : le bonheur suprême ? Pas pour le téléspectateur !

Bliss affiche

"I Origins" et ses sombres tendances anti-darwiniennes bien américaines avaient déjà un peu douché notre intérêt pour la SF perchée de Mike Cahill, mais six ans plus tard, on était quand même disposés à lui laisser une autre chance, au vu de la distribution de son nouveau mindgame produit par Amazon Studios, "Bliss" : avec notre dépressif préféré, le délicieux Owen Wilson, et l’ex-bombe Salma Hayek dont on a toujours apprécié la forte personnalité, on était à peu près certains de passer un bon moment, non ?

Eh bien, non ! Parce que le scénario de Cahill – un véritable « auteur » au sens « français » du terme puisqu’il écrit et réalise ses films -, s’enlise très vite après un démarrage intriguant, avec la longue scène dans les bureaux de Greg Wittle, cadre… dépressif et accro à ses médicaments (un rôle évidemment parfait pour Wilson, qui traversera tout le film en quasi pilotage automatique, sans qu’on puisse dire si c’est le personnage ou l’interprète que l’on regarde…)… Et, soyons généreux, avec les premières scènes de découverte de la virtualité du monde, emmenée par une Hayek déchaînée (qui fonctionnera ainsi sur un mode « turbo » épuisant pendant l’heure trois quarts du film). Même s’il n’y a rien ici qu’on n’ait déjà vu, en mieux, dans "Matrix" (Cahill remplace, coup de génie, la pilule rouge par un cristal jaune !), on veut bien s’amuser devant les jeux dérisoires de nos deux « lovebirds » consistant à dégommer les patineurs sur l’icerink.

Mais ça, c’est avant que le film parte totalement en vrille, et commence à accumuler les mindfucks incohérents (la substitution des personnages au sortir de la patinoire, wtf !), et décide de nous emmener dans un monde de rêve, situé en Croatie, qui ressemble surtout à une publicité pour agence de voyage d’avant le coronavirus. A partir de là, on se désintéressera totalement du scénario, qui a du mal à nous mystifier avec son goût pour le n’importe quoi et ses gros sabots futuristes qui trahissent à l’avance la conclusion du film : un milliardaire distribuant sa fortune aux peuples de la terre, et une réparation scientifique complète des dommages causés à l’environnement, Cahill pense sans doute que nous croyons aux contes de fées ? Ce qui ne nous empêche pas de rager devant le « twist » final, dont la facilité – combien de fois a-t-on déjà vu des scénaristes empêtrés dans leur histoire abracadabrante emprunter ce raccourci-là – irrite forcément.

Mais tout cela ne serait pas si grave (après tout, Netflix nous a habitué aux mauvais films de SF, non ?) si le cœur du film, cette soi-disant histoire d’amour entre Greg et Isabel, fonctionnait un minimum : après tout, le vrai sujet du film, c’est bien celui-là, notre capacité à croire en l’amour et à, peut-être, le faire advenir. Le problème est qu’il y a absolument zéro alchimie entre Wilson et Hayek, dont le couple n’existe pas une seconde de manière crédible sous la caméra de Cahill. Mauvais casting ? Mauvaise direction d’acteurs de Cahill, trop geek pour s’intéresser à des êtres humains ? Sans doute un peu des deux, selon toute vraisemblance.

Le résultat final de cette succession d’erreurs et de maladresses est un autre échec complet, qui clôt définitivement pour nous le « cas Cahill ». Pour la suite, s’il y en a une, ce sera sans nous !

 

 

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