"Criminal : France" de George Kay et Jim Field Smith : et du côté des franchouillards...
On avait été séduits par le concept de "Criminal" dans sa déclinaison britannique, beaucoup d'ailleurs par la grâce d'une interprétation généralement magistrale, et par l'attention portée aux personnages, qui aidait largement à oublier certaines facilités scénaristiques créant des retournements de situation un peu trop commodes.
L'idée - originale il est vrai - de George Kay et Jim Field Smith était de décliner le même mécanisme dans plusieurs pays européens : Allemagne, Espagne et France, en utilisant le même décor - ce qui surprend au départ, mais fonctionne finalement bien, prouvant par la même que notre monde est devenu vraiment largement indifférencié -, mais en laissant des "locaux" apporter leurs sujets. Et c'est là, finalement, que se niche le plus intéressant du projet, même si cet effet est peut-être largement involontaire. Car ce qui ressort étonnamment de ces trois premiers épisodes "français", ce sont bien des préoccupations FRANCAISES : premier épisode sur l'attentat du Bataclan (un peu dur à avaler pour moi, ça ne m'a pas mis dans le bon état d'esprit pour la suite...) et spécifiquement les faux témoignages ; second épisode mettant en scène la haine bien franchouillarde de l'entreprise et des entrepreneurs, avant de basculer dans une sorte de réconciliation autour de... l'amour ; troisième épisode, la violence contre les homosexuels. Radiographie donc des problèmes sociétaux qui excitent les Français, "Criminal : France" nous peint un pays où les conflits de hiérarchie - la haine des "chefs" - et de pouvoir gangrènent même le professionnalisme des policiers : pas beau à voir !
Le gros problème de "Criminal : France", ce n'est même pas les (grosses) ficelles des scénarios, c'est plutôt une interprétation globalement à la ramasse du côté de l'équipe des policiers : jamais crédibles, régulièrement faux (Laurent Lucas est particulièrement mal à l'aise et insupportable !), les acteurs nous déconnectent régulièrement de ce qui pourrait fonctionner dans les histoires qui nous sont racontées : en face, Sara Giraudeau, Nathalie Baye et surtout Jérémie Renier, excellent comme toujours, ne déméritent pas.