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Le journal de Pok
19 novembre 2020

"Le Jeu de la Dame" de Scott Frank : la sicilienne

The Queens Gambit affiche

Moi qui ne suis jamais le dernier à ironiser sur le fait que trop de films aient besoin d'utiliser la béquille du "inspiré de faits réels" pour asseoir leur crédibilité, me voilà devant une œuvre dont je me suis dit que la seule vraie faiblesse était que son extraordinaire histoire ne soit pas réelle... tant elle est belle, tant on a constamment ENVIE D'Y CROIRE !

Série TV sur les échecs, passionnante comme un thriller d'espionnage, bénéficiant d'une mise en scène au cordeau et d'une reconstitution historique impeccable, récit d'apprentissage emportant l'adhésion dès ses premières minutes (grâce en particulier à une formidable jeune interprète, Isla Johnston), manifeste féministe idéal sachant ne jamais tomber dans l'évidence militante ni les raccourcis simplistes, révélation indiscutable d'une immense nouvelle actrice, Anya Taylor-Joy, il ne manque au palmarès de "The Queen's Gambit" que d'être le meilleur biopic "sportif" (car on est ici dans le monde des sportifs du plus haut niveau qui soit...) jamais réalisé.

Elle n'est, "malheureusement", que tirée d'un roman de Walter Tevis, écrivain notable de SF et de polars des années 60, auquel on doit les célèbres "l'Arnaqueur" et "The Man who Fell to Earth", par ailleurs obsédé par le jeu et par l'addiction (Tevis mourut d'alcoolisme !) : deux thèmes qui sont au cœur de "The Queen's Gambit", et qui sont traités frontalement en évitant tous les clichés habituels.

On sera donc infiniment reconnaissant à Tevis et à l'équipe de Scott Frank de ne pas avoir montré, comme la plupart des films sur les échecs, l'extraordinaire puissance mentale des grands joueurs comme une porte ouverte sur la folie : le jeu sera au contraire le salut pour une jeune femme condamnée à l'avance par son hérédité, ses circonstances familiales et sa simple place de femme dans la société. On se réjouira que la menace omniprésente du réconfort chimique et alcoolisé ne provoque chez nous aucun sentiment gênant de pitié ni d'rmbarras. On aimera par dessus tout la magnifique conclusion de la série, qui montre tout simplement que la vraie victoire, ce n'est pas de triompher d'ennemis qui n'en ont jamais été (malgré la rhétorique belliqueuse de la Guerre Froide), mais bien de trouver, enfin, son Pays, qui est celui de tous ceux qui partagent la même passion que soi.

Une bien belle leçon, dans une multitude de domaines !

 

 

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