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Le journal de Pok
17 octobre 2020

"The Symbol Remains" du Blue Öyster Cult : le symbole demeure...

BLUE OYSTER CULT the symbol remains COVER HI

On n’espérait plus depuis longtemps un nouvel album du Blue Öyster Cult, rompant 20 ans de silence, ou plutôt 20 ans à se comporter en « cover band » de luxe de leur propre répertoire, qui, malgré sa munificence, commençait à s’user un peu. On ne savait pas non plus s’il fallait l’espérer, ce nouvel album, sans Allen Lanier, malheureusement décédé en 2013, et sans bien sûr les Frères Bouchard, même si, quelque part, depuis l’épisode compliqué d’Imaginos, les fans espèrent toujours le miracle, et en particulier un retour d’Albert (qui apparaît d’ailleurs en « guest star » sur l’un des clips du nouveau disque…) : en effet, Curse of the Hidden Mirror, le dernier album datant de 2001, s’était avéré une affaire presque embarrassante pour tout le monde, fans comme musiciens.

Or, voici donc, 19 ans plus tard, quatorze nouvelles chansons de l’un de nos groupes favoris des années 70, l’un des rares ayant eu l’idée – assez géniale quand même, avouons-le - de conjuguer le hard rock classique (comprenez dans la ligne Black Sabbath et compagnie) avec des harmonies vocales à la Byrds, voire même Beach Boys. Et The Symbol Remains – beau titre et pochette très laide, mais on avait pris l’habitude des pochettes ratées au cours de la longue discographie du groupe – s’avère, surprise, surprise, une affaire roborative, voire même franchement agréable… dans les limites, bien entendu, de l’exercice. Agréable car réussissant largement à tenir cette fois l’équilibre entre des mélodies très pop (oui, il est indéniable que l’inspiration est partiellement revenue chez Eric Bloom et Buck Dharma) et un bon gros son « hard » classique, par ailleurs impeccablement produit.

En voici, donc, pour le plaisir, la revue de détail :

- That Was Me, premier single sorti avant l’album, remplit parfaitement son rôle d’introduction classique d’un album du Blue Öyster Cult : c’est lourd et puissant, c’est efficace mais ça manque clairement quand même de génie. On remarque immédiatement que le chant de Bloom est impeccable nous rassurant après ses problèmes de voix au cours des dernières années…

- Box in My Head, le second single, n’est pas honteux, mais est malheureusement typique de la tendance MOR envahissante de Buck Dharma, le genre de chose qui fait immédiatement chuter l’intérêt de l’album. On craint fort un retour à l’enlisement de Curse of the Hidden Mirror.

- Tainted Blood, le troisième single, composé et chanté par le guitariste / claviériste Richie Castellano, est un vraiment bon morceau, mais n’a pas grand-chose à voir avec le BÖC classique. On comprend que le mec a gagné le droit, lui qui est dans le groupe depuis 16 ans, de contribuer à l’album, mais bon, admettons que ce n’est pas exactement ce qu’on attend !

- Nightmare Epiphany retrouve la magie des meilleures chansons pop (mais très pop, pour le coup…) de la grande époque, ça swingue et ça séduit, le chant de Bloom est superbe, et on a droit à un magnifique solo de Buck Dharma. Le bonheur, un peu, enfin ?

- Edge of the World continue dans la même veine, mélodique en diable, en un peu moins immédiat peut-être. Richie Castellano fait vraiment bien le job à la guitare. Un titre qui s'avère un "grower" et pourrait bien devenir à terme l'un de nos préférés.

- The Machine, encore du Castellano, un bon morceau, qui amènera inévitablement le même commentaire que Tainted Blood, non ?

- Train True bénéficie d’un rythme enlevé sur le bon vieux principe très rock’n’roll (Johnny Cash) de la railroad song. C’est du classique de chez classique, mais c’est très plaisant de voir le BÖC se rattacher aux racines du Rock. Bloom fait (encore) des merveilles au chant.

- Pour entamer la seconde face – eh oui, on parle vinyle ici -, The Return of St Cecilia, chanté par Castellano bénéficie d’un riff très BÖC-classique, et d’une dynamique savante qui excitera nos souvenirs et notre nostalgie. De quoi raviver franchement notre intérêt, et annoncer une deuxième partie qui va s’avérer, en effet, meilleure que la première…

- Stand and Fight se distingue grâce à un riff heavy, le plus heavy de l’album et d’un chant scandé (Eric ! Eric !) qui rappelle de grands moments. Ce sera sans aucun doute un beau morceau à jouer sur scène, qui pourrait bien rejoindre les grands crowd-pleasers du groupe.

- Buck Dharma revient avec un Florida Man beaucoup moins fade, qui assure même mélodiquement. Si le chant de Buck est toujours un problème pour certains d’entre nous, et s’avère un peu pénible sur le refrain, Florida Man est une belle chanson…

- The Alchemist est le titre le plus long de l’album avec ses 6 minutes, et louche, par son ambiance cinématographique, du côté de l’immortel Fire of Unknown Origin, ce qui est une excellente référence. On se réjouit d’un magnifique décollage sur une batterie surpuissante et ces interventions à la guitare, classiques de la part de Buck Dharma, au milieu du morceau, puis d’un vif dialogue entre deux guitares, avant un retour du piano lyrique : il faut bien le reconnaître, c’est assez magistral. Et Bloom a toujours la classe quand il raconte ses histoires d’heroic fantasy. Au fil des écoutes, The Alchemist pourrait bien se confirmer comme le sommet de l’album.

- Avec Secret Road, on revient au MOR millésimé Buck Dharma, joli mais sans conséquences.

- There’s a Crime, encore un titre classique et plus rapide – et c’est bien ce que nous attendions, non ? – est un peu « passe-partout » mais excitant, avec notre cher Eric Bloom aux commandes sur un bon riff de basse.

- Fight est une conclusion nostalgique low-key assez caractéristique du groupe : rares sont les bonnes dernières chansons d’un album du Blue Öyster Cult... C’est encore du Buck Dharma, avec ses harmonies vocales caractéristiques. On aurait apprécié que cet album, finalement réussi, se referme sur une chanson plus mémorable… d’autant qu’on peut évidemment craindre qu’il ne s’agisse là du véritable chant du cygne du groupe.

Bien entendu, le temps et les écoutes répétées modifieront sans doute notre jugement, mais on peut, contre toute attente, ajouter The Symbol Remains à la liste des bons disques du Blue Öyster Cult, avec Eric Bloom comme principal responsable des meilleurs moments de l’album, et Richie Castellano qui ne démérite pas.

Il y a gros à parier que la fan base du groupe se sentira comblée, au-delà même de ses espérances, mais également que nos vétérans du « hard rock musical » ne gagneront guère de nouveaux disciples en 2020 : les plus jeunes continueront à écouter Ghost, le seul groupe actuel de Metal qui perpétue la même tradition.

 

 

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Commentaires
R
Hum, mes excuses, je viens d'aller plus loin sur votre site et donc... je réalise que vous êtes la même personne que celle chez qui j'ai écrit un message sur senscritique... c'est une pure coïncidence ! N'y voyez pas une forme de harcèlement ou autre... c'est aussi révélateur du fait que peu de gens s'intéressent à ce groupe... merci pour ça, entre autres !
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R
Bonjour,<br /> <br /> assez d'accord avec vous sur l'aspect roboratif du disque, intrigué par ce que vous appelez MOR (même si je pense voir ce que vous voulez dire, il y en a qui n'aiment pas ce style Dharma, moi il m'intéresse parce que derrière la mélodie et le chant pop, j'entends de la country et, surtout, une angoisse, une terreur souterraine qui me bouleverse, depuis the last days of may jusqu'à Dance on stilts ou Harvest Moon, en passant par Reaper, Deadline, Vigil, Veins, burnin' for you, Spy in the house of the night....).<br /> <br /> Bref, tout ça pour dire que, sans aucune forme d'ambiguïté, Nightmare Epiphany et Train true sont chantées par Buck Dharma et non Eric Bloom.<br /> <br /> Bien à vous.
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