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Le journal de Pok
9 octobre 2020

Fontaines DC au Studio 104 (Maison de la Radio - Paris) le mercredi 7 octobre

2020 10 07 Fontaines DC Studio 104 (33)

« You shoulda heard me in the lounger / Telling people what they was / Spitting out all types of sugar / Just dying for a cause… ». I don’t belong ouvre le set, superbe déclaration d’intention, pleine d’ambigüité et de poésie – car on sait bien que les textes de Chatten sont tous sauf de bêtes proclamations d’indépendance vociférées par un adolescent attardé, et se rattachent finalement à la longue tradition littéraire de Dublin. Si le look de Grian reste très juvénile, s’il maltraite son maillot rayé bleu et blanc et ses poches de pantalon avec une sorte de gêne distraite qui traduit un inconfort un peu immature, s’il préfère regarder vers le ciel – enfin le plafond, ici – que vers son public – assis et masqué -, il manifeste ce soir une véritable présence sur cette grande scène pourtant anonyme.

Le Fontaines DC de ce mercredi 7 octobre n’a pas grand-chose à voir avec le groupe assez désagréablement détaché et peu concerné de leur dernier passage au Bataclan. Aidés par un son magnifique – la magie d’une excellente salle – et heureusement très fort, avec des guitares joliment agressives, les musiciens ont attaqué ce concert avec détermination et confiance. Derrière les mots de rage et d’inconfort, de doute et d’interrogation de Grian, c’est désormais un groupe qui semble plus apaisé qui officie. Televised Man confirme en live sa force, seulement entrevue sur l’album, mais c’est – logiquement – le puissant Chequeless Reckless, avec sa colossale ouverture à la batterie, qui marque l’entrée de la soirée dans une ambiance de… VRAI CONCERT DE ROCK !

« You're so real, I'm a show reel / You work for money and the rest, you steal / I feel like an old tattoo / I feel like I'm falling for you » : Sha Sha Sha est pur plaisir, et on se regarde dans le public, sourires presque invisibles derrière les masques chirurgicaux : quel bonheur d’être ici ce soir, de pouvoir oublier pendant une courte heure cette horrible année 2020, avec sa pandémie et ses leaders politiques obscènes ! Oui, nous avons besoin, plus que jamais, de musique ; oui, nous avons besoin de gens aussi sincèrement en colère – et intelligents dans leur manière de l’exprimer – que Fontaines DC…

2020 10 07 Fontaines DC Studio 104 (13)

La set list est un mélange équilibré entre les beaux morceaux de A Hero’s Death, et les cris de colère de Dogrel, et contentera donc tout le monde. Sur Hurricane Laughter, torrent de violence bruyante, Grian essaie de nous faire nous lever, mais il n’y aura que trois spectateurs qui danseront quelques minutes : pourtant, même si jouer dans ces circonstances est certainement frustrant, même si écouter de la musique dans ces conditions est évidemment loin de l’idéal, la communication est établie entre le groupe et le public, qui savoure les mots, clamés par Grian d’une voix qui paraît beaucoup plus assurée qu’auparavant : « Dublin in the rain is mine / A pregnant city with a catholic mind / Starch those sheets for the birdhouse jail / All mescalined when the past is stale, pale », c’est Big, la grande évidence. Même si plutôt que GRAND, on croit sincèrement que l’important est que Grian soit VRAI.

Oh Such a Spring, seul morceau… calme de la soirée, cristallise l’émotion (« Down by the docks / The weather was fine / The sailors were drinking American wine / And I wished I could go back to spring again… », et nous, donc !), avant l’envol final de Too Real – avec une impressionnante basse sépulcrale - et Boys in the Better Land. Et puis I Was Not Born clôt le set, l’heure étant bien dépassée. On espère un rappel, on attend, mais clairement ce n’est pas dans les règles de la Maison de la Radio. Pas vraiment grave, une heure de musique et de poésie comme ça, ça nous a redonné des forces.

 

 

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