We Hate You Please Die à la Terrasse du Trabendo (Paris) le jeudi 17 septembre
21h35 : la jauge est atteinte, l’excitation devant la scène est palpable, il se prépare un mosh pit, visiblement. We You Please Die, quatuor rouennais désormais chevronné, va nous confirmer en une cinquantaine de minutes qu’ils volent bien au-dessus de la large majorité de leurs contemporains. Ces gens-là ont tout, en fait : des vraies chansons qui transcendent les codes punk rock / garage dans lesquels beaucoup s’enlisent, une présence scénique formidable – Raphaël est une bête ! -, et surtout, une vraie rage, profonde, qui prend littéralement aux tripes. Un cocktail détonnant qui rend chacune de leurs apparitions mémorable.
On commence bien entendu par la parfaite ouverture qu’est Rita Baston, qui met immédiatement le feu aux poudres – et embrase le mosh pit derrière nous. Nous sommes évidemment arrosés à la bière par les nombreux John Relou et Suzy Boulet qui s’imaginent toujours qu’on peut traverser une fosse pendant un concert punk et même danser le pogo avec une pinte de bière à la main – le genre de choses qui vous fait douter un instant de l’intelligence humaine… mais bon, ça fait partie du jeu et de toute manière, Raphaël et sa bande sont tellement enthousiastes, généreux, intenses qu’on a autre chose à penser !
Ce qui est étonnant, et vraiment encourageant dans l’évolution du groupe, c’est que, là où autrefois, un tel départ sur les chapeaux de roue (Got the Manchu, Structure, etc.) pouvait être suivi d’une petite baisse de régime, on aura affaire ce soir à un set qui monte en puissance. D’abord parce que Raphaël – dont on peut regretter qu’il joue moins de guitare qu’avant – consacre tout son temps disponible à se lancer dans la foule et à aller danser et même chanter dans le moshpit – même avec un masque, oui ! Ensuite parce que le groupe dépasse clairement le simple alignement de brûlots incandescents, et prend son envol sur les titres un peu moins immédiats ou moins connus, comme Vanishing Cops, dont il nous semble qu’il parle des flics de la BAC, ou comme la formidable “ballade” (bon, on exagère un peu…) Figure It Out, premier grand sommet de la soirée.
Second grand moment, Melancholic Rain, un uppercut en plein dans la face, une déflagration qui nous laisse KO mais heureux. Raphaël est un excellent chanteur, il faut le dire, avec son phrasé impérieux qui nous rappelle (mais ça, c’est nous…) celui de Fred Schneider aux débuts des B-52’s… en plus d’être un showman charismatique avec ses mimiques impressionnantes. « Putain, c’est bon ! », lâche-t-il, avant de nous promettre que « bientôt ça ira mieux… », et puis de se raviser : « Mais qu’est-ce que j’en sais, moi ? C’est ma première pandémie ! »… Sur le nouveau titre, Coca Collapse, ce sont bien les barrières qui commencent justement à “collapser” sous les assauts du public, et les photographes doivent s’arc-bouter pour éviter la chute.
Final habituel avec la grande déclaration d’intention qu’est We Love You Please Die, un morceau enragé et épique ,dans lequel Raphaël dit « qu’ils ont mis tout ce qu’ils avaient à dire… ». En tout cas, d’un coup, l’émotion bouleverse Raphaël – l’émotion d’être là, de pouvoir jouer à nouveau, on imagine, et peut-être aussi celle d’une réponse aussi sincère et forte du public. Et là, ce final bascule dans la grandeur, quelques minutes d’extase et de chaos qui font les GRANDS CONCERTS. Oouaouh !
Et si, avec We Hate You Please Die, nous avions désormais nos IDLES à nous, en France ? Le set de ce soir n’était pas loin de le faire penser…