TH da Freak sur la terrasse du Trabendo le samedi 8 août
21 heures, la Terrasse du Trabendo est vraiment bien remplie ce soir, preuve de la renommée croissante de Thoineau, et c’est très bien comme ça. TH da Freak est accompagné de quatre musiciens (deux autres guitares, une basse et une batterie) qui vont s’avérer, dans les trop courtes trente-cinq minutes du set qui va suivre, un groupe absolument formidable. D’ailleurs TH présente l’un comme « Steve Vai » et l’autre comme « Dave Grohl » : on plaisante, on plaisante, mais TH da Freak est un p… de groupe de rock’n’roll, et non plus seulement un slacker bordelais aux idées cool et à l’inspiration délirante ! Et si les cheveux de TH sont bleus en ce moment, au lieu de leur fameux vert, on arrête rapidement de se préoccuper de son style capillaire pour profiter pleinement d’un set aussi créatif – quelles mélodies ! – qu’explosif (preuve en sera la version parfaite et puissante de Surrender !).
On attaque par un impeccable Peeling the Onion psychédélique et moelleux : « What is the problem with me ? » nous demande Thoineau, on est tous d’accord ce soir au Trabendo pour lui répondre qu’il n’y a vraiment aucun problème avec lui ! La preuve, les sept morceaux qui suivront ne feront preuve d’aucune faute de goût, pourvu qu’on apprécie l’imagination, la fantaisie et l’auto-dérision… Car ces mecs, indubitablement de musiciens sérieux, sont très drôles : la palme de la sympathie revient toutefois à Sylvain, le bassiste, qui arbore désormais une superbe paire de moustaches aux pointes soignées, et ne manque aucune occasion de nous faire sourire. Old Lady of the Blocks permet à TH da Freak de sonner heavy – à trois guitaristes, ça le fait ! – tout en alternant chœurs aériens et sucrés et solo de guitare abrasif. Du nanan !
A noter un petit break jazzy amusant pendant le remplacement d’un câble défectueux, qui là encore, prouve l’admirable capacité “tout-terrain” du groupe… et leur approche décontractée de la musique.
Mars Attacks ressemble à du Ariel Pink avec de meilleures mélodies, et c’est un compliment : on a tous envie de chanter avec TH ! On nous présente un robuste nouveau morceau, qui figurera peut-être sur le prochain album, avant de monter en pression avec une version bien grunge de Hospital, puis un superbe Surrender, où le groupe se fait vraiment violent, sommet d’excitation du concert.
On frappe tous dans les mains sur l’introduction de I don’t understand, qui sera la trop rapide conclusion du set : Sylvain nous fait son Katerine et nous garantit que c’est cool d’être ringards (« On s’en bat les couilles d’être ringards ! »). « Ça sent le poisson ! », rappe TH ! Et en effet, de l’un des food trucks se dégage une indiscutable odeur de cuisson. Et voilà cette phrase intégrée dans la chanson : « I'm anxious to tell you my stuff / That's why I make songs and I puff / I kill your lovers in my dreams / Hey hey it seems that / I don't understand », ou comment faire du mal-être existentiel un argument de fête. « Ça sent le poisson, I don’t understand ! ».
Mais pourquoi est-ce que c’est déjà fini ? Ah non, ce n’est pas fini, Sylvain reste sur scène nous chanter une version plutôt strange de Douce nuit, conclusion drôle et finalement touchante d’un concert hors du commun, balancé avec un mélange précieux de classe folle et de (fausse) négligence par un groupe qui, reconnaissons-le, n’est pas loin de ce qui peut se faire de mieux en ce moment dans un hexagone confiné / déconfiné / reconfiné.
Le public est aux anges, il ne reste plus à chacun d’entre nous qu’à disséminer la bonne parole, et à poser aux absents la question inévitable : « Mais qu’aviez-vous donc de mieux à faire ce samedi soir que d’assister au concert de TH da Freak ? ».