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Le journal de Pok
26 mai 2020

"DEVS" d'Alex Garland : DEUS, DEUS (he does not exist...)

DEVS poster

"DEVS" a un premier gros problème, c'est de sortir quelques semaines après le très réussi "Tales from the Loop", avec lequel il partage bien des points communs, tant au niveau du thème (un centre de recherche mystérieux qui va impacter l'existence des personnages) que de la forme (des couleurs et une lumière ternes, une extrême lenteur dans la narration et dans la mise en scène, un rôle prépondérant de la musique, largement abstraite, dans l'atmosphère de la série). Et que sur tout ces points, il lui est juste un peu inférieur. D'où la déception qui s'installe peu à peu, comme devant une version dégradée de la belle série de Nataniel Halpern, que le scénario complexe d'Alex Garland ne parvient pas à rattraper.

Et parlons-en, de ce scénario : un aspect thriller, plutôt bien mené, avec quelques excellentes scènes d'action et / ou de tension, mais qui paraît finalement plutôt artificiel ; une bonne dose de dépression existentielle, autour du travail de deuil, principalement, qui ne sort guère des clichés habituels (le gros méchant a perdu sa femme et sa fille dans un accident de voiture - dans une scène d'ailleurs extrêmement impressionnante, magnifiquement mise en scène - et cela justifie à peu près tout ce qu'il fait...) ; et puis la pseudo réflexion métaphysique sur le sens de la vie qui se doit de soutenir tout récit de Science Fiction un peu ambitieux. Le choix, il est vrai peu courant, de Garland est de tenir jusqu'au bout la théorie d'un déroulement immuable du temps, faisant fi des multitudes de possibilités de "bifurcation" statistiques et de l'éventualité de réalités parallèles : dans "DEVS", pas de libre arbitre, mais un destin immuable, livrant donc ceux qui en sont conscients, comme les chercheurs de chez Google (pardon, Amaya), à un profond désespoir. Ce qu'imagine Garland, pas très loin d'un WTF complet, c'est qu'en l'absence de "multiverse", une simulation informatique ("Big Data" + ordinateur quantique) est la seule manière de créer une alternative un peu plus vivable à notre monde réellement damné.

Au milieu de tout cela, le téléspectateur navigue donc à vue, et oscille entre le plaisir simple conféré par certaines scènes efficaces et bien réalisées, un soupçon d'ennui quand le rythme se fait décidément trop lent par rapport à ce que "Devs" a vraiment à dire, et quelques jolis moments d'exaltation pseudo-scientifiques (comme ceux tournant autour du très jeune informaticien, où celui-ci trouve la solution mathématique à un problème technique, et bien sûr, la fascinante scène du barrage).

Ce n'est pas tout-à-fait assez pour que cette mini-série devienne réellement mémorable, mais cela nous suffira pour qu'on continue à l'avenir à suivre le travail, plutôt original, d'Alex Garland.

Note : le titre de cette chronique est une allusion totalement gratuite à la meilleure chanson d'un groupe des nineties désormais bien oublié, The Sugarcubes...

 

 

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