"Servant" de Tony Basgallop : Dorothy's Baby
Le nom de notre très cher M. Night Shyamalan à la production et à la réalisation de deux épisodes (le premier et le neuvième, de loin les meilleurs grâce à l'élégance absolue de leur mise en scène) rend évidemment le visionnage de "Servant" indispensable. Ce qui ne veut pas dire que cette première "grande série" de la nouvelle plateforme Apple TV+ soit un chef-d'œuvre. "Servant" travaille de manière plutôt subtile des thèmes plutôt déjà bien explorés dans de nombreux films : une jeune maman sombrant dans la psychose, une secte mystérieuse, une nounou établissant peu à peu son ascendant au sein de la cellule familiale, une maison-monde dont on ne sort quasi jamais,... on ne peut pas dire que tout cela soit très original, et ce d'autant que l'accumulation, épisode après épisode, des points de vue contradictoires et le foisonnement des incidents mystérieux peut fatiguer le téléspectateur espérant forcément trouver une sorte de fil conducteur de la fiction, fil qui lui échappera toujours. Jusqu'aux deux derniers épisodes fournissant, sinon des explications, du moins une perspective plus claire sur les événements à l'origine de la série.
Finalement, c'est plutôt dans les détails et dans la qualité de l'exécution que pourra se nicher le plaisir du téléspectateur : l'excellente idée, superbement exécutée, de la (spectaculaire) préparation de plats sophistiqués par un chef, peut justifier a elle seule le visionnage de cette première saison, tandis que l'interprétation est globalement convaincante, entre une Lauren Ambrose (que l'on retrouve avec plaisir 15 ans après la fin de "Six Feet Under") convaincante en mère ayant perdu pied, et un Rupert Grint jouisseur alcoolique bien plus subtil que sa triste prestation chez "Harry Potter" aurait laissé prévoir.
Bref, dix épisodes qui se laissent regarder sans ennui, ce qui n'est pas si courant de nos jours, en attendant une seconde saison qui devrait voir l'ouverture de cette histoire claustrophobique sur de nouveaux horizons.