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Le journal de Pok
12 novembre 2019

Fontaines DC au Bataclan (Paris) le dimanche 10 novembre

2019 11 10 Fontaines DC Bataclan (7)

21h15 : c’est avec une petite demi-heure de retard sur l’horaire initialement prévu pour le démarrage de leur concert, et après deux fausses alertes qui ont commencé à nous inquiéter, que les musiciens de Fontaines D.C. déboulent, accompagnés – et on les en remercie de tout cœur – par une chanson des merveilleux Pogues. Le quintet dublinois n’a pas l’air au mieux de sa forme : Carlos, l’espagnol de la bande, a sa bouteille de vin rouge à la main, déjà bien entamée, et Grian Chatten n’a pas non plus le regard trop clair ! Ajoutons à ça que la posture du groupe, peu communicative et plutôt tranquille, ne correspond pas vraiment à l’urgence punk que dégagent certaines chansons de “Dogrel”. Nous voilà bien obligés d’admettre que nous n’assistons pas ici à la naissance de nouveaux Undertones – à notre humble avis, le meilleur groupe que l’Irlande ait jamais enfanté…

Le set démarre puissamment avec l’impeccable Chequeless Reckless, redoutable déclaration d’intentions de la part d’un jeune groupe qui estime avoir des choses importantes à dire : « A sell-out is someone who becomes a hypocrite in the name of money / An idiot is someone who lets their education do all of their thinking… ». Deux évidences immédiates : le son est magnifique, ample, riche, et tranche donc avec le choix fait pour l’album d’un son plus maigre, presque décharné, laissant la majorité du travail à la voix et aux textes de Grian ; et, justement, Grian, avec sa morgue étudiée, affichant une sorte de dédain, ou tout au moins d’indifférence vis-à-vis de son public pourtant très échauffé, semble surtout inspiré par le grand Mark E. Smith que par Shane McGowan ! Fontaines D.C. est donc, ce concert en est bien la preuve, un groupe “à textes”, voire “à message”. Hurricane Laughter suit et confirme… Dommage quand même que Grian ne donne pas un peu plus de lui-même, et reste aussi détaché, flottant dans ses vêtements trop grands de trois tailles et balayant des yeux les spectateurs d’un air blasé. On peut finalement regretter l’ère des crachats, où ce genre de choses se serait terminé par une belle bataille rangée entre le groupe et le public à coups de glaviots, non ?

Cela dit, placés juste devant Carlos, nous sommes probablement à la place idéale, car le guitariste assure le spectacle à lui tout seul : grandes lampées de vin à la bouteille – on lui en apportera une seconde à mi-parcours… mais il aura la gentillesse de partager avec une fan assoiffée -, jolis coups de pied en l’air, interactions variées avec le premier rang, poses photogéniques, rien à redire à la générosité scénique du Madrilène !

2019 11 10 Fontaines DC Bataclan (9)

Le concert est en plein ventre mou, car, logiquement, tous les titres de “Dogrel” ne sont pas des brûlots punks… Et Fontaines D.C. a quand même un peu de mal à maintenir la tension, qui retombe lentement. Heureusement, voilà que déboule Too Real : « None can revolution lead with selfish needs aside / As I cried, I'm about to make a lot of money / … / Is it too real for ya? ». Le Bataclan bascule enfin dans la frénésie en hurlant « Is it too real for ya? ». Là, on retrouve beaucoup plus le véritable esprit de 77, dont se réclament quand même largement nos rebelles dublinois… Des flashes nous reviennent du fond de notre mémoire : le Clash, au même endroit, il y a 42 de ça, les harangues de Joe Strummer, les riffs de Mick Jones. Eux aussi n’avaient à l’époque qu’un seul album et quelques singles sous la ceinture… Bon, il faut s’y résoudre, Dublin ne brûle pas encore ! Mais au moins, quelques groupes comme Fontaines D.C. attisent les flammes…

On approche de la fin, il est temps de rendre hommage au fier folklore local, avec Dublin City Sky : « I was down the bottom half of some old bar in Chinatown / Me shoes had brought the rain and soaked the space for lookin' down / As drunk as love is lethal, I spun a lady 'round / And I kissed her 'neath the waking of a Dublin City sky… ». On peut tergiverser à propos de l’accent dublinois qu’affiche Grian, à demi-anglais, et élevé loin de l’Irlande, mais rappelons-nous aussi que Shane MacGowan était né dans le Kent ! Une heure a passé, la conclusion logique s’appelle Big : « My childhood was small / But I'm gonna be big ! ». Acceptons-en l’augure, même si ce soir, nous n’avons pas encore de futurs géants. Ça viendra sans doute, c’est tout le mal qu’on leur souhaite.

Grian nous a bien dit : « We don’t do encores! », donc on plie les gaules tranquillement, au milieu des habituelles discussions entre amis : « C’était génial ! » « Moi, je me suis fait un peu suer ! » etc. etc. Et si nous choisissions de nous souvenir plutôt du remerciement de Carlos : « En France, c’est vrai que vous faites de bons vins rouges ! » ? A nous, ça nous va bien. La révolution peut bien commencer dans un verre.

 

 

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