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Le journal de Pok
30 septembre 2019

"Bacurau" de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles : le retour des cangaceiros

Bacurau affiche

Ce que nous dit Kleber Mendonça Filho dans son "Bacurau" - sans doute son plus beau film, ou en tout cas son plus près de l'âme du peuple du Pernambuco, l'un des plus nobles états du Brésil -, c'est que le temps des Cangaceiros est revenu. Comme Lampião, il va nous falloir reprendre les armes pour résister aux Bolsonaro qui ne rêvent que de nous rayer de la carte, nous les drogués, les tapettes, les gouines, les pas assez blancs, les paresseux et les artistes. Face aux politiciens corrompus qui nous ont déjà vendus aux plus offrants, même si les plus offrants sont des disciples de la NRA avides d'essayer leurs armes vintage ou trop pleutres pour mitrailler leurs shopping malls locaux, nous risquons même de retrouver ce fond de barbarie qui n'est pas si loin en nous, et de trancher quelques têtes sur un coup de folie... mais qui nous en voudrait vraiment de ces petits excès ? Nous avions remisé les vieilles pétoires de nos révolutions passées au musée, mais, savez-vous, nous découvrons qu'elles marchent encore. Et notre détermination à défendre notre mode de vie, notre culture, sera plus forte que vos drones et vos lasers qui dégomment des satellites. Vous aurez beau nous priver d'eau et d'électricité, et remettre au goût du jour les exécutions publiques (demain à São Paulo, après-demain à Paris), nous ne nous laisserons pas intimider.

Et ça ne fait que commencer.

PS : Fan de Carpenter, et donc de Howard HawksKleber Mendonça Filho a vu l'intérêt de transformer son pamphlet politique ultra-réaliste (l'élu local venant acheter des voix avec de la nourriture et des médicaments périmés, sans aucun respect pour les livres, ressemble aux nuées de politicards du Nordeste - y compris, et même avant tout, ceux du PT, malheureusement - que nous avons pu connaître là bas...) en western futuriste : entre "les Chasses du Compte Zaroff", "Rio Bravo" et "Invasion Los Angeles", "Bacurau" le gros oiseau prouve que le grand cinéma n'a pas besoin d'être naturaliste, ni même réaliste, pour nous parler de nous. Et n'a pas besoin de quitter l'ultra local pour véhiculer un message global. Glauber Rocha serait fier de son disciple.

 

 

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