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Le journal de Pok
8 septembre 2019

Oh Sees au Bataclan (Paris) le jeudi 5 septembre

2019 09 05 Oh Sees Bataclan (16)

Le set de Oh Sees est prévu pour 21h, mais à peine le matériel installé - par eux-mêmes puisque les Oh Sees n'ont pas de roadies -, John Dwyer lance les hostilités. Il est 20h40, et on prend ça comme un signe qu’il veut nous offrir un set un peu plus long que les 75 minutes prévues à l’origine. On se rend compte immédiatement aussi que, même si on a apprécié l’énergie de la première partie, Oh Sees évoluent eux à un niveau bien supérieur : entre le déluge de percussions proposé par les deux batteurs et la guitare littéralement tellurique de John, sans parler de l’ajout de claviers pour étoffer encore le son, on s’en prend plein les oreilles !

Comme toujours, le set débute par un enchaînement littéralement terrassant de killers qui embrasent instantanément un Bataclan bien rempli et chaud comme la braise : les slammers sont déjà à l’attaque, le groupe n’a pas eu besoin d’échauffement pour atteindre la zone rouge, le son est très fort et quasiment parfait, même là où nous sommes placés, au tout premier rang – pas de crash barriers ce soir ! – juste en face de John qui officie comme toujours à l’extrême gauche de la scène. The Daily Heavy est le premier morceau extrait de “Face Stabber”, le nouvel album, et confirme ce que l’on espérait : sur scène, c’est du lourd !

C’est un plaisir de voir de tout près le travail de John Dwyer, entre sa guitare, ses pédales de son et ses claviers, sans parler de la direction du groupe qu’il conduit “à la baguette, c’est le cas de dire, car il est clair que les quatre musiciens suivent quasiment en permanence les instructions – et les moindres mimiques même – de leur boss, non sans, pourrait-on affirmer, une certaine crainte… Chez Oh Sees, on ne rigole pas avec la rigueur technique et le perfectionnisme musical : ce n’est pas parce que le groupe vient du garage rock que John n’a pas l’ambition d’offrir à son public une expérience esthétique parfaite ! Et c’est encore plus visible quand le concert entre dans la phase expérimentale, constituée de ces longs morceaux où John recherche à créer une véritable transe, entre la pulsation obsessionnelle basse-batteries, les vocaux toujours singuliers, tantôt haut perchés, tantôt hurlés, et surtout les enluminures majestueuses de sa guitare. Henchlock, le sommet jazzy du nouvel album, sera un exemple parfait de cette aspiration insensée vers des hauteurs musicales qui sont désormais bien loin des origines punks de Oh Sees. Mais il faut souligner qu’à aucun moment, on ne sent l’effort des musiciens - tout coule naturellement, tout est source de plaisir – et encore moins une éventuelle arrogance qui renverrait aux jours sombres du Rock Progressif des années 70 : d’ailleurs le public n’arrêtera jamais de danser et de s’agiter, même aux moments les plus abstraits…

2019 09 05 Oh Sees Bataclan (29)

La setlist est très joliment composée d’extraits de nombreux albums différents de la déjà longue carrière du groupe, ce qui varie évidemment les plaisirs, mais permet aussi de vérifier combien l’inspiration de John est restée constante au fil du temps et des changements de genre. Un concert pas loin d’être parfait… jusqu’au moment du fameux (habituel ? dirons les mauvaises langues…) problème technique ! Plus de micro, John s’énerve, commence à débrancher et rebrancher tous les – très nombreux – fils, envoie valser le régisseur qui veut lui donner un coup de main, ordonne péremptoirement à Tim (le bassiste) de venir lui apporter une nouvelle alimentation. La tension est à son comble sur scène – ce qui permet de vérifier combien les musiciens sont anxieux vis-à-vis des réactions de leur leader -, même si depuis la salle, c’est finalement assez amusant (pardon, John !) d’assister à tout ça. Bon, le set redémarre après une petite dizaine de minutes de prise de tête, et on est forcément soulagés que John n’ait pas jeté le gant et quitté la scène.

On fête l’anniversaire de Tim avec un gros gâteau rose, des bisous et un “Happy Birthday enthousiaste chanté par le Bataclan, et on se lance dans la dernière ligne droite de la soirée, qui va permettre à John d’aller encore plus loin dans ses aventures sonores et soniques : jack débranché de la guitare et promené sur les cymbales, usage avant-gardiste d’une inhabituelle flûte électrique (électronique ?), et surtout derniers spasmes extatiques d’une guitare toute-puissante qui a dominé la soirée, entre riffs irrésistibles et solos torrentiels…

Une heure quarante – en comptant, c’est vrai, l’interruption technique -, nous avons été gâtés ce soir, et tout le monde semble sortir satisfait de cette soirée délicieusement assourdissante. Il ne nous reste plus qu’à renvoyer à John Dwyer le seul mot qu’il semble connaître en français : « Merci ! ». Et on se revoit en septembre 2020. Au Zénith cette fois ? 

 

 

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Commentaires
O
Petit veinard :)<br /> <br /> <br /> <br /> (Je te confirme que John est le grand patron de cette sainte entreprise ; ma séance photo en 2013, au festival Psyché, était conditionnée à l’approbation de John (Demande à John... Si john est d'accord, d'accord...) Et il fut d'accord. <br /> <br /> Je l'ai revu juste tout seul, avant qu'il ne monte sur scène, dans les couloirs vides du 106, vers 23 heures. On a papoté, il m'a demandé si j'allais bien ( je traversais des moments compliqués) il est très très observateur. Et humain. <br /> <br /> Ce sont des moments gravés dans ma tête, j'y pense parfois.<br /> <br /> <br /> <br /> Donc, veinard, tu as passé une bonne soirée :D
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