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Le journal de Pok
20 août 2019

"Spider-Man : Far Fom Home" de Jon Watts : loin, très loin de chez nous...

Spider Man Far from Home afficheDevant la stupidité abyssale de "Spider-Man : Far From Home", et le manque d'intérêt intégral de cette accumulation de scènes sans queue ni tête et d'images de destruction massive - qui plus est, vue dans une VF horrible qui ridiculise tous les personnages, et fait encore descendre le QI de l'affaire d'une bonne cinquantaine de points -, amusons-nous plutôt à une lecture transverse de ce qu'on nous montre ici :

  • d'abord, comme toujours lorsqu'un blockbuster se passe en Europe, les sites historiques sont avant tout à livrer au grand saccage généralisé : on démolit le centre de Venise (ô rage !), on incendie celui de Prague (ô désespoir !), on explose le Tower Bridge et on dévaste la salle des Bijoux de la Reine à Londres (ô vieillesse ennemie). Si l'on échappe à la liquéfaction de la Tour Eiffel, qui semblait pourtant au programme, c'est pour ne pas que le film soit trop long, sans doute. Le mépris américain pour tout ce qui représente la moindre valeur artistique, historique, humaine, explose une fois de plus tout sur son passage, réjouissant sans doute les ploucs de Caroline du Sud qui voteront à nouveau Trump aux prochaines élections. Good clean fun !

  • On nous parle dans le film de victimes civiles de ce qui est, une fois de plus, un règlement de compte entre Américains déporté sur un autre continent : comme il ne faudrait pas montrer de sang ni de larmes, qui pourraient choquer le public familial, le carnage reste évidemment totalement hors champ, abstrait. On pleure Tony Stark, le milliardaire et marchand d'armes sauveur de l'humanité, on ne va pas pleurer quelques dizaines de touristes chinois noyés à Venise ou ensevelis sous les décombres à Londres. Du coup, quand le film déplore les fake news et leur impact sur une population crédule accro aux réseaux sociaux, comment dire, eh bien, on ne se sent pas trop d'humeur à sympathiser avec ce genre de propos...

  • On est politiquement correct, et on nous montre une jolie classe de lycéens américains qui inclut une riche variété de couleur de peaux, et de religions (le voile, c'est cool aux USA, tout le monde le sait). Le gamin obèse d'origine étrangère a même le droit de "sortir" avec la poupée américaine blonde, mais on nous fait comprendre à la fin, que, en tout bien tout honneur, il ne s'est rien passé de grave entre eux, et qu'ils se seront séparés bons amis avant que l'irréparable soit commis. Mais tout ce politiquement correct n'empêche nullement le racisme bien ordinaire : entre les Mexicains miséreux qui errent dans le ruines de leur ville détruite et n'ont clairement pas grand chose d'humain (ou qui mérite qu'on les filme...), et les Hollandais - fans de "soccer" - qui sont visiblement le peuple le plus bête sur terre, mais qui sont tellement sympathiques qu'on peut bien écraser leurs tulipes qu'ils ne s'en offusqueront pas (doublés avec "l'accent belge" dans une VF qui enfonce - sans doute involontairement - bien le clou...), "Spider-Man : Far From Home" ne fait pas dans la dentelle. Une fois encore, il est étonnant que nous, Français, ne passions pas à la casserole sur ce coup-là, mais j'imagine que ce n'est que partie remise.

  • Mais le plus extraordinaire, si vous vous arrêtez deux minutes pour réfléchir sur ce que le film nous dit, c'est bien que les affreux méchants sont ici tous simplement les employés (syndiqués ?) de la multinationale Tony Stark, qui n'ont jamais compris le génie de leur patron, et qui vont voler ses découvertes pour tenter de devenir patron à sa place. On imagine comment cette vision très progressiste de la lutte des classes passe impeccablement auprès des financiers et politiques américains, toujours prompts à déifier leurs chefs d'entreprise : surtout ne pas faire confiance aux subordonnés, tous des jaloux malfaisants !

Bref, tout cela est littéralement à vomir, et vous ne me persuaderez pas que les blagues à deux balles sur la vie compliquée d'ados amoureux et timides, à l'esprit desquels la notion de sexe ne vient jamais, justifie un tel bourrage de crâne. J'ai lu des gens qui comparaient cette bouillie indigeste aux deux premiers "Spider-Man" de Sam Raimi, et à leur parabole si élégante sur le changement qui s'opère en nous à l'adolescence : arrêtez de raconter des salades, revoyez ces films que vous avez visiblement oubliés, et contemplez la dégradation vertigineuse du blockbuster hollywoodien depuis 20 ans !

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Commentaires
O
Chronique implacable, rare, même NoCiné n'est pas allé jusque là. Ca a été un vrai plaisir à lire.<br /> <br /> Comme j'ai connu la même réaction épidermique à la vision de ce film, je voudrais également souligner :<br /> <br /> - la fameuse étudiante voilée, bien, il existe, ces gens-là, mais qui n'a qu'un mot de dialogue, quand le comic Miss Marvel pakistanaise existe depuis, quoi, 10 ans ;<br /> <br /> - Zendaya, à peine plus de deux mots, elle, elle qui passe son temps à envoyer chier tous ceux qui lui adressent la parole. Elle est désagréable parce que c'est la vision Meetoo d'Hollywood. Et Zendaya ne fait jamais avancer l'intrigue d'un pouce (voir Captain Marvel dans le même registre). C'est quand-même l’héroïne du film : une nunuche suffisante, mais en fait on l'a affublé d'un qualificatif à la mode : elle est badass. Ah, ok... En 1933, Betty Boop, création sexuelle d'un mec, possédait 100 fois plus d'indépendance... et faisait avancer l'intrigue ;<br /> <br /> <br /> <br /> - le film prend la moitié de l'humanité, celle qui a lu Spiderman, pour une truffe en laissant penser que Mysterio, ennemi juré et iconique de Parker, pourrait être un gentil. C'est d'ailleurs que le vilain se découvre (dans le faux bar. Jake Gyllenhaal enfin employé à sa juste valeur) que le film livre sa première scène consistante; <br /> <br /> <br /> <br /> - la seconde scène est celle du piège mental de Mystério qui emprisonne Parker. Pourquoi je le mentionne ? Parce tout ceci a été tourné bien avant le film. Ces scènes, comme celles psychédéliques de Doctor Strange, sont des commandes du studio à une boîte d'animation tournées au kilomètre (source: NoCiné) ;<br /> <br /> <br /> <br /> - Le film n'aime pas les jeunes ; presque tous les adultes sont présent pour les sauver, ces jeunes andouilles, même les deux accompagnateurs retardés. On mesure la régression depuis les Goonies ; <br /> <br /> <br /> <br /> - jamais un ado de n'en sort seul, donc, et surtout pas Spiderman, qui n'est en fait pas Spiderman, juste un gamin qui joue avec les joujoux hors de prix de papa Stark. Et oué : Parker n'est plus le héros des petites gens. Il n'a pas non plus le trauma originel de sa responsabilité dans la mort de son oncle Ben qui va façonner la droiture de l'Araignée. Envolée également la moralité et les questionnements éthiques de sa tante May, puisque celle-ci n'est plus qu'une femme simple sans passé connu et à la maturité à peine plus éclose que celle de son neveu.<br /> <br /> <br /> <br /> Ah oui, c'est bien de la merde, ce film. C'est Trumpien, orwellien, mais, c'est là la grosse rigolade ; orwellien dans le sens où Orwell aurait pu dénoncer ce genre de films. Ce n'est même plus du fast food comme Thor 3 ou les Avenger, à savoir des films qui remplissent le ventre joyeusement, mais demandent une bonne semaine avant que l'on retourne faire une commande. <br /> <br /> En fait, c'est un film de propagande pour comprendre comment vivre l'époque sans tracas : tu la fermes et tu tiens ton rang.
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