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Le journal de Pok
29 juillet 2019

'The Operative" de Yuval Adler : the little murder girl

The Operative affiche

Quand on aime comme nous les histoires d'espionnage (plus ou moins) réalistes, ou tout au moins basées sur une véritable réalité géopolitique, on ne peut pas ne pas aller voir ce "The Operative", qui fait de la situation iranienne son sujet à l'actualité ô combien brûlante… même si l'action se déroule il y a une bonne décennie de ça. Le grand intérêt du film vient paradoxalement du fait qu'il est signé par un réalisateur israélien, et tiré d'un livre d'un auteur israélien, alors qu'il laisse transparaître une indéniable sympathie envers les Iraniens, largement présentés ici comme de pures victimes des manipulations israélo-occidentales, et qu'il dépeint les agents du Mossad comme une belle bande de quasi-criminels.

Ceci posé, et sans nier que Diane Kruger reste une actrice évidemment superbe et parfaite pour incarner un personnage profondément mystérieux, comme celui de ce "rogue agent" qui disparaît soudainement des radars de son organisation, une bonne partie de "The Operative" ne fonctionne pas, en particulier parce que le profil et les motivations de Rachel nous sont fondamentalement incompréhensibles, et que ses actes, oscillant sauvagement entre le froid assassinat et les minauderies d'une adolescente amoureuse, semblent en permanence injustifiables. Difficile de ne pas penser à ce que notre cher John Le Carré aurait su faire d'un tel personnage, dont l'ambiguïté aurait pu constituer le point de départ d'une véritable vertige existentiel..., et impossible en outre de ne pas comparer ce film tiède à l'une des saisons particulièrement réussies du "Bureau des Légendes", qui montrait avec beaucoup plus de vraisemblance et de tension une jeune "agente" française aux prises avec des situations très similaires.

De la même manière, si tout récit d'espionnage bien composé doit prendre son temps et limiter son recours à l'action spectaculaire - qui n'est finalement qu'un détour par rapport aux jeux de pouvoir et de manipulation qui en sont le coeur -, la mise en scène de Yuval Adler n'arrive jamais à nous intéresser véritablement à ce qui se passe à l'écran, faisant paraître certains passages du film bien longs. Lorsque la tension s'intensifie enfin, à l'occasion d'un passage clandestin de frontière qui n'échappe malheureusement pas aux clichés racistes, et surtout lors de la confrontation finale entre Rachel et son "handler", le toujours impeccable Martin Freeman (sous-utilisé dans le film...), il est trop tard pour rattraper "The Operative". La décision, pourtant logique, de laisser une fin ouverte à une telle histoire, apparaît alors plus comme une véritable démission de Adler devant une histoire laquelle il n'a su donner ni crédibilité ni vie.

 

 

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