Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le journal de Pok
17 décembre 2018

Promenade sur les traces d'un géant, Neil Young : "Songs for Judy" (live) (1976)

Songs_for_Judy

Tout fan un peu sérieux de Neil Young se trouve depuis quelque temps devant un dilemme : faut-il casser sa tirelire pour se payer les albums « live » que le Loner sort régulièrement, ou bien attendre la parution du tome 2 de ses "Archives" - soit quand même l'une des plus belles Arlésiennes du Rock (date annoncée : mai 2019) - dans la mesure où il est à peu près certain qu'ils s'y retrouveront inclus (... ce fut le cas, rappelons-le dans le premier volume...). Ensuite, se pose aussi la question toute aussi fondamentale de ce que chaque nouvel enregistrement en public peut apporter à notre connaissance, voire à notre compréhension de l'Artiste... Et là, le débat peut faire rage...

"Songs for Judy" (… Garland... pourtant décédée en 1969, et à Londres, donc bien avant et bien loin de cette tournée américaine de l’automne 1976) n'a rien de particulièrement exceptionnel, dans la mesure où il s'agit d'une compilation de 22 morceaux interprétés en solo (guitare acoustique, piano ou orgue) en intro de ses concerts avec le Crazy Horse, et que bien des chansons retenues ici ont déjà publiés nombre de fois dans des versions très similaires, voire identiques : honnêtement, aussi fan soit on du génial Loner, a-t-on besoin d'une nouvelle version de "The Needle and the Damage Done" ou de "After the Goldrush" ? Bon, reconnaissons que Neil est cool, qu’il semble ici en forme, et en général d'humeur badine - ses habituelles plaisanteries sur la fumette charment un public d’ailleurs curieusement bruyant et turbulent, au point qu’on peut se demander s’il n’y a pas eu à la production de l’album une volonté de mettre en avant ces cris – souvent déplacés – de la foule... Neil mentionne donc en intro (de l'album) qu’il aurait reçu la visite du fantôme de Judy, et les joies du montage des titres font qu'on le réentendra en parler à la fin... Voilà qui justifie le titre et la pochette de l'album, si l'on est indulgent... Et comme on est en 1976, soulignons – même si c’est une évidence - que la voix de Neil est impeccable, nous garantissant une bonne heure vingt de pure satisfaction sur ce point-là !

Attardons-nous plutôt sur les singularités de l'album, qui justifieront - ou pas suivant votre goût pour la collection exhaustive - son achat :

  • il y a d’abord un inédit absolu, "No One Seems to Know", chanson anodine et immédiatement oubliable dont on comprend bien qu’elle ait disparu au sein de l’œuvre gigantesque de notre Canadien errant,

  • il y a ensuite des interprétations acoustiques rares de chansons de "Tonight’s the Night" ("Mellow my Mind" et "Roll Another Number", toutes deux sonnant très "frais" ainsi que du premier album éponyme ("Old Laughing Lady", joué dans un esprit "classique Neil Young" qui lui va bien, et "Here We Are in the Years", pour le moins maladroite et frustrante…), ainsi que de morceaux peu connus comme "Give Me Strength" (sur "Hitchhiker") ou "Campaigner" (sur "Décades", avec sa redoutable affirmation : « Even Richard Nixon has got soul » !)

  • … et puis surtout, on y trouve quelques très, très beaux moments, comme cette magnifique version de "A Man Needs a Maid", où la voix de Neil est accompagnée à l’orgue, et qui sera pour nombre d’entre nous le sommet de l’album, comme l’interprétation tendue de l’immortel "Mr. Soul", ou encore la très belle et très inspirée visite à "Pocahontas"…

Finalement, on se dit que ce qui empêche "Songs for Judy" n’atteindre l’excellence de nombre d’autres "live" de Neil Young, c’est son concept même de montage d’extraits de nombreux concerts – la tournée en a compté 18 -, qui fait que jamais ne pourra se construire cette atmosphère un peu magique, typique des plus belles soirées acoustiques avec Neil.

Admettons aussi que notre sévérité relative vis-à-vis de cet album vient avant tout du niveau général d’excellence des enregistrements en public déjà disponibles, qui fait qu’il nous en faut désormais un peu plus pour nous épater !

Publicité
Publicité
Commentaires
Le journal de Pok
Publicité
Le journal de Pok
Archives
Publicité