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Le journal de Pok
11 décembre 2018

Séance (tardive) de rattrapage : "Okja" de Bong Joon-Ho

Okja affiche

On a beaucoup parlé de "Okja" lors de la mini crise causée au Festival de Cannes par la volonté de Netflix de ne pas suivre les "règles de l'industrie" quant aux sorties en salle... mais on a finalement peu parlé du film de Bong Joon-Ho lui-même, marqué d'une sorte de sceau d'infamie, et qui ne trouvera pas son public. En aurait-il été autrement si "Okja" avait été un film "normal" ? Rien n'est moins sûr...

Car, comme toujours chez le meilleur réalisateur coréen, "Okja' est un foutoir peu commun, un mélange de genres (la spécialité locale...) porté jusqu'à un point de déséquilibre invraisemblable, et au final un objet cinématographique assez peu aimable. La cause principale de la gêne que l'on ressent en le regardant peut venir de l'incompatibilité entre son propos violemment militant ("Meat is Murder", comme disait l'autre) et l'effet de déréalisation créé par le choix d'une tonalité SF enfantine, "à la Spielberg", bien lourdaude. On apprécie la pertinence de la critique acerbe de Monsanto et des mensonges démagogiques du Marketing moderne, mais beaucoup moins le surjeu grotesque de tous les acteurs, du pire (Gyllenhal, insupportable) au meilleur (Dano, dont l'habituelle ambiguïté tourne au cliché). On se laisse enchanter par les tonalités à la Miyazaki de la première demi-heure - la meilleure partie du film -, mais on ragera devant la larme facile que nous tirera le parallèle final, insupportable, avec l'Holocauste. Au fond, "Okja" souffre de l'habituel syndrome des films pan-culturels qui perdent et leur logique et leur âme à force de faire le grand écart.

Impossible réconciliation entre blockbuster d'action tout public à l'américaine et pamphlet politique, "Okja" échoue exactement là où le fabuleux "The Host" marquait tous ses points : jamais le spectateur n'est A LA FOIS emballé par les "recettes du genre" et convaincu par le propos politique. Malgré la remarquable intelligence de la mise en scène - en particulier dans les scènes de chaos (dont on sait combien elles sont l'essence du cinéma de Bong Joon-Ho) - "Okja" ne fonctionne pas.

On espère maintenant le retour de ce grand réalisateur, peut-être l'un des plus talentueux du cinéma contemporain, sur ses terres coréennes, loin des polémiques cannoises, et surtout loin de Netflix et des ambitions globales de l'entertainment US. Gageons que nous ne serons pas déçus.

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