Il n'y a plus de jus d'orange (la discographie solo d'Edwyn Collins) : "Hellbent on Compromise" (1990)
En 1990, la carrière d'Edwyn Collins ne va pas bien et son premier album solo,, "Hope and Despair", a laissé le monde entier relativement indifférent : plus personne ne se souvient plus des espoirs (déçus ?) de l'époque d'Orange Juice. Et il y a encore moins de monde pour s'intéresser à un très jeune has been, qui plus est écossais et incapable de trancher entre ses différentes passions pour le rock indie, la soul, le folk américain et j'en passe et des meilleures...
"Hellbent on Compromise" (ce titre, typique de l'humour pince sans rire d'Edwyn, que l'on peut néanmoins qualifier lui-même de forcené du compromis, en effet !) va donc lui aussi sombrer corps et biens dans un gouffre d'indifférence, alors que ses qualités - mélodiques en particulier - auraient logiquement dû lui valoir au moins un petit succès d'estime (l'album n'est pas facile à trouver de nos jours...). Et ce d'autant qu'il commence triomphalement par l'une des toutes meilleures compositions d'Edwyn, la merveilleuse "Means to an End" qui résume en quelques minutes le génie de notre homme : chant et guitare au top, inspiration mélodique irrésistible, paroles malines... une bombe ! Qui explosera sans bruit ni onde de choc, mais qui préfigurera heureusement le futur triomphe de "A girl like you"...
Après une telle entrée en matière, l'album marque certes un peu le pas, et ses immenses qualités demanderont pour être découvertes un peu plus de patience que l'auditeur distrait ne sera prêt à lui en octroyer. Pourtant des joyaux comme "Everything and More", "What's the Big Idea" ou le délicieux "Graciously" sont loin de pululer dans les albums du début des années 90 !
Est-ce la pochette, très laide et surtout absolument pas représentative de la sophistication de l'album ? Est-ce la production médiocre, pourtant bien dans les canons clinquants de l'époque (s'il y a un album qui mériterait une remasterisation, c'est bien "Hellbent on Compromise" !) ? Ou bien le pur manque de chance ? En tous cas, Edwyn, qui reste néanmoins positif et combattif comme on le verra sur scène à l'époque lors d'un remarquable concert parisien à l'Espace Ornano, devra encore attendre - un peu - pour rencontrer le succès.