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Le journal de Pok
16 novembre 2018

"Bodyguard" de Jed Mercurio : Yojimbo

Bodyguard poster

"Bodyguard" commence extraordinairement bien, avec une longue scène de menace terroriste dans un train de banlieue londonien, exemplaire de tension, d'intelligence, de mesure. Une scène mémorable dont on recommandera le visionnage répété à MM. Neeson et Collet-Serra, pour qu'ils apprennent comment on doit raconter, filmer et interpréter ce genre de situations, dont ils raffolent semble-t-il.

"Bodyguard" se termine 6 épisodes plus tard extraordinairement mal, avec une suite de révélations pourries et ridicules, qui viennent conclure une histoire politico-policière incompréhensible, et dont on s'est désintéressé depuis longtemps.

Entre ces deux extrêmes, que s'est-il passé ? Un naufrage progressif d'une série mal conçue, très mal écrite, voulant peut-être trop en dire et trop en faire en trop peu de temps sur un sujet important (comment la démocratie peut être rapidement mise en danger, non pas par les terroristes islamistes, mais bien par des politiciens ambitieux et peu scrupuleux), avec des personnages rudimentaires aux comportements incohérents. Les « aveux » finaux des coupables sont ainsi d’un ridicule qui torpille le peu de crédibilité que la série avait encore réussi à préserver à ce stade. On conseillera donc à M. Mercurio la lecture assidue de l'œuvre de John Le Carré pour comprendre comment raconter clairement les obscures luttes de pouvoir entre services de polices et services secrets.

Il reste néanmoins un problème plus sérieux avec le script de "Bodyguard", c’est le retournement discret qui est opéré par les scénaristes autour du personnage de la politicienne ambitieuse aux opinions un tantinet autoritaires: on se demande si la conclusion de toute cette histoire (la vengeance du garde du corps amoureux qui a oublié ses principes politiques, la révélation de la duplicité de la jihadiste) ne valide pas subrepticement les théories extrémistes que la série semblait condamner. Alors, maladresse ou manipulation ?

Pour ceux que cela peut intéresser, signalons que Richard Madden, dont l’apparition initiale est assez charismatique, peine sur la longueur à animer son personnage (il est vrai fort peu cohérent…), dont les traumatismes post-guerre restent très théoriques : avec une seule expression sur le visage pendant toute la série, il ne fera pas oublier aux fidèles de "Game of Thrones" sa précédente incarnation de Rob Stark.

En résumé, "Bodyguard" promet beaucoup mais s'avère en même temps sérieux ambigu et très, très frustrant...

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