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Le journal de Pok
6 novembre 2018

Fantastic Negrito au Café de la Danse (Paris) le dimanche 4 novembre

2018 11 04 Fantastic Negrito Café de la Danse (17)20h00 :  Quand on découvre l’ami Xavier pour la première fois, il y a un tout petit moment d’incrédulité : vêtu de manière très classe, pantalon de ville, gilet brodé, cravate et superbes chaussures de deux couleurs, il arbore aussi une impressionnante iroquoise, le reste de ces cheveux tressés serré sur le crâne, et une barbe foisonnante. Un look mi-classique, mi-punk qui colle en fait parfaitement avec le principe de sa musique, une revisite de l’héritage musical afro-américain, en prenant en compte son évolution, mais aussi ce que les blancs en ont fait, de Led Zeppelin aux White Stripes. D’ailleurs, le merveilleux Bad Guy Necessity en ouverture explicite parfaitement ce que nous offre aussi généreusement Fantastic Negrito : tout simplement l’actualisation de ce qui s’est fait de meilleur dans le Blues, le Rythm & Blues (je parle du vrai, pas de ce que nos innocents qualifient aujourd’hui, les pauvres, de R&B !), voire la Roots Music des origines. Et ça décoiffe !

« Everybody needs a bad guy / They need someone to blame / Now I’m so addicted to this prescription pills / Yeah, so delicious / I’m just a victim and I’m so suspicious / I need protection, this my second amendment… » …ce brillant mélange de rage et d’humour, cette énergie qui semble inépuisable, mais surtout qui vient d’une partie de l’âme (soul !) que les musiques des petits blancs ne savent pas émuler, waouh, quel souffle ! Je suis maintenant entouré d’une sorte de fan club local de Xavier, et l’ambiance a changé du tout au tout dans le Café de la Danse. Ça danse, justement, ça headbangue, ça bouge, ça saute et ça frétille partout. Nobody Makes Money, sur lequel Xavier nous fait crier « Money ! Money ! » enfonce le clou, le message est politique, dur, mais rempli d’une joie de vivre qui est l’apanage de ceux qui ont tout perdu.

Je remarque alors la main droite de Xavier, qu’il tient curieusement, avec un renflement étrange sur le poignet. Je me rappelle ces photos effrayantes de lui sur son lit d’hôpital après son accident de voiture, qui figurent sur la pochette de l’album, et je vois qu’il joue de la guitare sans médiator, simplement en brossant les cordes avec ce qui semble presque de la maladresse. Un peu plus tard, il nous expliquera : « Le médecin m’a dit, votre main ne bougera plus jamais ! Et c’est vrai, elle ne bouge plus… mais j’arrive quand même à jouer de la guitare ! Yeah ! ». Les riffs sanglants des chansons, les solos hallucinants qui semblent tous droits sortis des seventies, c’est désormais au guitariste qui accompagne Xavier de les assurer, mais bon dieu, qu’est-ce que ce type est brillant ! Le trio tout entier (guitare / claviers / batterie, pas de basse donc) est remarquable, et avec le son parfait du Café de la Danse, je dois dire que la soirée est turbopropulsée par ce heavy blues puissant, sur lequel Xavier se laisse de plus aller à des incantations dans la pure tradition talking blues, voire gospel. Mais des incantations païennes, soyons clairs, il semble que Dieu n’ait pas grand-chose à faire dans la vie de Fantastic Negrito !

2018 11 04 Fantastic Negrito Café de la Danse (50)On en arrive au sublime, au bouleversant A Cold November Street, et c’est… sublime et bouleversant : le sommet de la soirée. A tous ceux qui sont réfractaires au Blues, je conseille l’écoute de ce morceau, qui vous fend littéralement le cœur : « There's a boy, she's a girl, and I'm really not sure / What all it really means / When the old man cries he's a woman sometimes / On a cold November street… » Solo de guitare à tomber par terre, et on a tous des larmes plein les yeux.

Et puis c’est le morceau que personnellement, j’attendais le plus, mon préféré de l’album, l’irrésistible A Boy Named Andrew, le moment de communion général où on chante tous en chœur… imparable ! Xavier enchaîne avec une cover de In the Pines, modèle du genre : mais oui, vous la connaissez, cette chanson, déjà formidablement reprise par Nirvana sous le titre Where Did You Sleep Last Night ?... On s’approche de la fin du set, Xavier est maintenant déchaîné, par moment il me fait penser scéniquement au grand Nick Cave, et pas seulement par la taille, mais aussi pour l’intensité du chant et du jeu de scène. Sauf que maintenant, Xavier sourit, et que l’ambiance générale est à la fête. Un petit Plastic Hamburger, le moment Led Zep de la soirée, ça ne se refuse pas !!!

Il me semblait pas avoir vu que Fantastic Negrito ne faisait pas de rappels, mais ce soir, nous y aurons droit, avec un bonus spécial et personnel pour les fans du premier rang, qui l’ont réclamée : une version tâtonnante et écourtée de About A Bird, que Xavier avoue ne plus savoir jouer ! Une vraie générosité, je vous dis…

1h50 en tout d’un set intense offert par un showman infatigable et son groupe impeccable, tout le monde est ravi. Mon voisin de gauche, un Hollandais qui suit Xavier sur toutes ses dates en Europe me confie que ce soir a été l’un des tous meilleurs concerts qu’il ait vus. Tu parles, Charles ! Il ne nous reste plus qu’à nous demander pourquoi quelqu’un du talent et du charisme de Xavier ne remplit pas déjà des Zénith en France ? Incompréhensible, si vous voulez mon avis…

A la sortie, Xavier est au stand de merchandising, mais inapprochable tant ses fans extatiques le prennent d’assaut : tout sourire, chaleureux et drôle quand il se moque gentiment d’une admiratrice qui lui dit que le concert était « fucking good » ce soir, voilà un nouveau héros musical bien sympathique !

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