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Le journal de Pok
8 octobre 2018

Miles Kane à la Cigale (Paris) le jeudi 4 octobre

2018 10 04 Miles Kane Cigale (9)21 h : Toute la Cigale est littéralement électrique d’excitation quand Miles Kane apparaît, sapé comme l’as de pique dans une combinaison ringarde qui dévoile une maigreur nouvelle, et passablement ridicule avec son coup de peinture argentée sur les yeux, façon Mad Max Fury Road : mon dieu, mais c’est quoi ce look, Miles ? Les absents, ce soir, ont-ils eu, pour une fois, raison ?

Too Little Too Late lance le bal, et nous rassure : c’est du fuckin’ rock’n’roll, avec un son tranchant, une guitare abrasive, et une énergie stupéfiante. La Cigale explose ! Miles se contorsionne, prend des poses, croone éhontément, mais n’oublie heureusement pas de balancer de bons riffs saignants qui sont à la hauteur de sa réputation d’excellent guitariste. Le backing band bastonne sévère, propulsé par une batteuse blonde forcenée. Inhaler, magnifique rappel du premier album de 2011, enfonce le clou : on se sent prêts à tout pardonner à Miles, et même d’avoir abandonné sa classe innée (?) pour lui préférer un style rentre-dedans qui ne fait certes pas dans la finesse. La manière dont la Cigale a entièrement pris feu ce soir au bout de quelques accords est assez exceptionnelle, même les gens des balcons sont largement debout, et il est impossible de nier l’efficacité du nouveau style de Miles Kane : et si nous, les "puristes", avions bel et bien tort, et qu’un peu de "show off" à l’américaine avait permis à Miles de gagner cette popularité après la quelle il courait en vain, à chaque fois qu’il ne se tenait pas au côté de son ami Alex Turner ?

… et justement, voilà que Miles nous annonce que son pote, comme par hasard, passait par là ! Alex pénètre crânement sur la scène. Il a un nouveau look (encore un !), avec une brosse très courte et des lunettes de kéké, et c’est ni plus ni moins que l’explosion nucléaire dans la Cigale. Je ne me souviens pas avoir jamais vécu dans cette salle, depuis trente ans que j’y viens, un tel niveau d’hystérie générale : les filles hurlent et la seule chose que ça m’évoque, ce sont les scènes de délire de la Beatlemania ! Je dois dire que, à ce moment, et quelle que soit la suite la soirée, je suis foutrement content d’être là et de vivre ça ! Le groupe attaque Standing Next To Me (des Last Shadow Puppets…), et il me semble bien que je vois des filles en larmes autour de moi. Alex et Miles font du Alex et Miles, chantent sur le même micro, et à la fin Alex fait un gros bisou sur la joue de Miles. Honnêtement, objectivement, la version interprétée de Standing Next to Me était assez médiocre, mais de toute façon, on n’a pas entendu grand-chose à cause des hurlements, et tout le monde s’en moquait. Un moment incroyable de pur rock’n’roll, my friends !

2018 10 04 Miles Kane Cigale (45)Alex quitte la scène avec un dernier salut, et le set reprend une trajectoire plus normale, et dans ce cas… plutôt descendante. Nous sommes dans le ventre mou du concert, et on a un peu l’impression que toute l’énergie disponible, sur scène comme dans la salle, a déjà été dissipée. On s’ennuie un peu, en réalisant que, malgré trois albums, Miles Kane ne dispose pas encore d’un répertoire particulièrement passionnant… Sauf que le coup de mou ne va pas trop durer, et que Don’t Forget Who You Are va être l’occasion de relancer l’excitation. « When we're tongue-tied and breathless / We won't let our worries dictate who we are / So let's throw out the old towels, / We won't let our worries dictate who we are / La la la, la la la la la la n/ Don't forget who you are »… Le refrain et ses la la la est l’occasion d’un singalong général, et voilà la bonne humeur retrouvée !

La dernière partie du set sera consacrée au funk, un nouvel exercice pour Miles, exercice dans lequel il ne se ridiculise pas, au contraire : une reprise très chaude du Hot Stuff de Donna Summer, suivie par une version énervée de Coup de Grace, et la Cigale est à nouveau en extase. Et il faut bien admettre que, même si tout cela ne fait pas vraiment dans la subtilité, le fun est bel et bien là. Et c’est le morceau que nous attentions tous, ce Come Closer imparable, dont la classe survit même au traitement à grand spectacle qui lui est appliqué : sans doute la seule vraie grande chanson que Miles ait composée, pour un final en apothéose… Une fausse fin, une nouvelle vague de « Whoa, ahh, ah ! » chantée par le public ravi et… c’est la fin ! Mais la VRAIE fin, car bien que le set n’ait duré qu’une heure et cinq pauvres minutes, Miles ne reviendra pas ! Pas de rappel ce soir !

Les fans sont interloqués, déçus, et bien vite furieux… La Cigale entière frappe du pied, malgré les lumières rallumées, la musique sur la sono et les roadies qui débranchent les amplis. Personne ne veut quitter la salle, et ça dure, ça dure… Jusqu’à ce que finalement la foule se disperse. Bien obligée. Une conclusion brutale, décevante, pour un concert qui aurait bien pu voler encore plus haut avec un peu plus de générosité de la part de Miles.

Bref, avec ce concert en forme de montagnes russes (des hauts et des bas…), Miles Kane nous abandonne avec les mêmes doutes. L’homme est un performer habile, un guitariste doué, capable du meilleur sur scène et donc de faire oublier ses tendances lourdes à l’excès, c’est indiscutable. Il a gagné un certain niveau de reconnaissance, et une crédibilité commerciale nouvelle. Il n’a néanmoins pas regagné la place qui était la sienne dans nos cœurs…

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