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Le journal de Pok
27 août 2018

"The Fall - Saison 1" de Allan Cubitt : un roi sans divertissement

The Fall S1 jaquette

Sortie dans l'indifférence générale en 2013 et toujours pas réévaluée cinq ans plus tard, "The Fall" est un véritable OVNI dans le monde formatté de la série TV (Netflix ou pas…) puisque, à la manière du meilleur cinéma, elle exige de la part du téléspectateur, pour être appréciée, une attention de tous les instants et une bonne dose de patience : point de cliffhangers ici, un nombre de péripéties "raisonnable" par rapport aux standards du genre, peu d'effets spectaculaires, puisque la série ne joue ni sur une esthétique particulièrement clinquante, ni sur des trucs de narration faussement modernes, et qu'elle refuse avec détermination tout effet spectaculaire. Pire encore (pire en termes de respect du cahier des charges virtuel de la série à la mode), elle ose regarder ses personnages, leur donner le temps de vivre, d'exister, plutôt que de les soumettre au totalitarisme de ce fameux "scénario" qui est devenu le despote tout-puissant du genre.

Nous avons donc droit ici à deux personnages principaux "difficiles" (tous deux magistralement "sous-interprétés" par ces deux acteurs improbables que sont Gillian Anderson et Jamie Dorman), une enquêteuse "reine des glaces" et un serial killer banal et indéchiffrable, que nous allons suivre au long de 5 épisodes au rythme suspendu. "The Fall", dans sa première saison au moins, ne s'intéresse pas non plus particulièrement à la "psychologie" de ses personnages ou à la "sociologie" des différents microcosmes qu'il décrit - encore que l'atmosphère lugubre de Belfast paraît judicieusement retranscrite - mais nous décrit froidement le déroulement absurde et les causes néfastes des actes des différents protagonistes, souvent portés par une logique qui nous échappe au moins partiellement. S'ensuit chez le téléspectateur accro une profonde fascination… même si on imagine bien que le "grand public" a probablement trouvé tout cela affreusement vide et ennuyeux.

Voilà en tout cas une série remarquable, qui nous rassure quant à la capacité du genre à produire de véritables "œuvres cinématographiques" sans budget dispendieux ni renfort marketing.

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