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Le journal de Pok
3 août 2018

Vous reprendrez bien un troisième verre de jus d'orange ? "The Orange Juice" (1984) de Orange Juice

the orange juiceVoilà, je peux maintenant avouer l'horrible vérité, il doit y avoir prescription après toutes ces années : moi, qui me considère comme le fan numéro 1 d'Edwyn Collins en France, je n'ai découvert Orange Juice que fin 84, avec ce vinyle acheté au hasard - sur la foi de sa pochette vaguement dérangée et dérangeante - dans une petite boutique de Rock indie de Durban (Afrique du Sud). Pire, moi qui adorait alors autant les Smiths qu'Aztec Camera, j'avais initialement peu goûté les ambiances soul ou jazzy de ce disque que j'avais bien du mal à rattacher au Rock britton de l'époque...

Il se trouva toutefois qu'après quelques écoutes dubitatives, le déclic se fit et les chansons de "The Orange Juice" (dont le titre serait un hommage - peu évident - au troisième album lui aussi éponyme du Velvet - entrèrent dans ma vie et dans ma tête pour ne plus jamais en ressortir. Et que, plus de 30 ans plus tard, je considère ce (faux) troisième et dernier album d'Orange Juice et (véritable) premier album solo d'Edwyn Collins, ici accompagné seulement par le brillant percussionniste Zeke Manyika et par des musiciens "de studio", comme l'une des plus grandes réussites du genre. Du genre, mais de quel genre, me demanderez-vous ? Brillamment produit, comme le précédent EP, "Texas Fever", par Dennis Bovell, une pointure du reggae, "The Orange Juice" tourne franchement le dos à tout ce qui a constitué l'essence du groupe jusqu'alors, et nous offre dix monuments de soul swinguante sur laquelle Edwyn croone autant qu'il peut - et il peut beaucoup, maintenant qu'il a appris à bien chanter (et que le producteur a compris le joyau brut qu'il avait entre les mains). Dix chansons bizarres, pas facilement étiquetables, nourries de mélodies addictives mais serpentines, diluant l'habituelle lucidité acide d'Edwyn dans une suavité inédite. Un album terriblement personnel avançant élégamment masqué derrière des sonorités dansantes, d'un bon goût presque incongru : un album calibré pour le succès populaire, qu'il ne rencontrera pourtant pas !

Après ce coup de maître et ce nouvel échec commercial, Edwyn se mettra d'accord avec Zeke pour saborder définitivement l'embarcation Orange Juice qui ne ressemblait plus à rien de toute manière, et attaquera sa carrière solo officielle. Avec le succès qualitatif que l'on sait - enfin, que savent les initiés - et pas mal de hauts et de bas en termes de popularité.

Mais c'est déjà une autre histoire...

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