Séance de rattrapage : "Kingsman : le Cercle d'Or" de Matthew Vaughn
Il peut être extrêmement bénéfique de voir un film "grand public" longtemps après sa sortie et le déversement de critiques globalement négatives qui l'a (logiquement) accompagné : aucune déception possible, voire même, au contraire, un certain soulagement, sur le mode "je craignais que ça soit pire...". Et puis au moins, pour ce "Cercle d'Or" excessivement bruyant, chez soi, on peut baisser le son quand les explosions deviennent trop envahissantes, et le monter pour écouter Prince (respect !) ou même... Elton John ("écouter", parce que le regarder fait un peu pitié.... "Fuck off !").
Sinon, comme tout le monde l'a évidemment fait remarquer, l'américanisation du concept - qui n'aurait dû servir qu'une fois - des Kingsmen s'accompagne d'un effet "bigger, fatter" qui gâche largement le petit charme qu'on avait pu trouver au premier volet. On oscillera donc pendant deux bien trop longues heures et vingt minutes, enchaînant des "morceaux de bravoure" de moins en moins intéressants, entre ennui léger et complicité bienveillante.
On regrettera quand même par rapport au premier film le manque de radicalité : se moquer de Trump n'est en effet nullement une preuve de lucidité ni de courage politique ! Il eût été bien plus amusant de choisir comme "happy end" l'une des deux autres alternatives possibles : soit l'extermination planétaire des centaines de millions de drogués (bien fait pour eux !), soit la légalisation totale de toutes les drogues (super pour nous !)... Il est finalement significatif que le summum de la provocation pour les scénaristes de ce "Cercle d'Or" soit un doigté vaginal : cela donne une idée du chemin qu'il nous reste à parcourir, camarades !
PS : Pour situer cette critique dans le continuum spatio-temporel, ajoutons que une heure et demi de finale de Coupe du Monde 2018 France - Croatie avait de toute manière épuisé nos réserves de tension, de peur, de fébrilité et d'enthousiasme. Comme l'avait noté à son époque (à propos de tennis) le grand Serge Daney, il y a souvent bien plus de "cinéma" dans un bon match que dans un film. Y compris en terme de happy end !