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Le journal de Pok
25 mai 2018

"En Guerre" de Stéphane Brizé : à l'Ouest, rien de nouveau...

en_guerre_afficheA l'Ouest Rien de Nouveau : nous tombons tous, à chacun notre tour, sous les balles du capitalisme financier, entraînant avec nous nos familles, nos enfants, leur futur, et accessoirement celui de la planète. En face de nous, les médias nous filment, nous enregistrent, et nous faisons brièvement la une de BFM lorsque notre colère est trop forte. Une chemise déchirée, une voiture retournée, quelle révolte dérisoire ! Mais la punition est rapide, la Justice intraitable, nous sommes des criminels, tandis que les actionnaires conduisent leurs SUV rutilants en riant jusqu'à la banque (expression anglais adorable, je trouve, et tellement prémonitoire). Notre voisin est un traître, il accepte de se taire et de faire le sale boulot pour garder son pauvre job, il répète les mots qu'il a si bien appris, la loi du marché, la compétitivité, la productivité, la rentabilité, il espère juste s'en sortir avant que toute la p... de structure explose. Les syndicats, les politiciens ne peuvent plus rien pour nous, ils ont déjà du mal à sauver leur propre peau. Et bien sûr, plus personne ne parle pour nous, alors que nous sommes les 99 et quelques % de la population mondiale : nous sommes invisibles. De temps en temps, il y a un film, comme "La Loi du Marché", justement, ou comme ce "En Guerre" où le tandem Brizé - Lindon récidive, et essaie d'allumer pendant quelques minutes une petite flamme d'indignation en nous, entre deux poignées de pop corn et une gorgée de Coca-Cola. Sauf que le (tout petit) miracle du succès - incompréhensible, ont dit les médias - de "La Loi du Marché" ne se reproduira pas : à Cannes, on a pris soin de ne pas parler de ce film, ou alors pour critiquer une fin que l'on juge maladroite, stupide même. Les défenseurs du bon goût cinématographique - dont nous faisons nous aussi partie, attention ! - regrettent le recentrage du collectif vers l'individuel, le resurgissement de la fiction au milieu de la réalité, et ce qu'on perçoit parfois comme un happy end sacrificiel. C'est vrai que le film a ce tort de ne pas oser foutre le feu aux vrais coupables. A moins qu'il n'ait raison parce que les vrais coupables sont insaisissables, intangibles : d'ailleurs nous sommes nous-mêmes totalement responsables de ce qui nous arrive. Nous savions que les choses allaient mal tourner, mais nous n'avons pas voulu regarder la vérité en face. A l'Ouest, rien de nouveau.

Pour le moment.

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