"It Comes At Night" est un film problématique, pour le moins : si le concept à sa base est plus que remarquable (disons pour faire simple partir des thèmes désormais usés du film post-apocalyptique pour peindre un portrait implacable d'une société où la paranoïa détruit l'humanité en nous), et si la mise en scène a ses moments, réussissant à créer quelques jolis effets de tension avec bien peu de choses, le film reste globalement une déception. D'abord parce que le flirt - à des fins commerciales ? - avec le cinéma d'horreur lambda dégrade terriblement sa crédibilité (je pense par exemple aux atroces scènes de cauchemar récurrentes qui font appel aux pires stéréotypes du genre, mais aussi à son titre trompeur et son affiche)... Ensuite parce que, pour que le film ait à la fois de la substance et de l'impact sur son spectateur, il aurait fallu que Trey Edward Shults développe un minimum la psychologie de ses personnages, réduits ici à quelques grossiers traits de caractères et globalement peu incarnés par des acteurs auxquels le script ne donne pas grand chose à faire : comme c'est souvent le cas dans ses films, le pauvre Joel Edgerton, soit quand même l'acteur le plus surévalué de sa génération, est particulièrement insipide et amorphe, alors que son personnage est celui qui devrait porter le sujet du film. Bref, si l'on apprécie l'élégance du geste de mise en scène - même si moins de musique aurait mieux servi le propos, comme c'est très souvent le cas dans le cinéma contemporain -, c'est plus "l'idée du film" qui séduit que le film lui-même, trop peu abouti.
16 mai 2018
Séance de rattrapage : "It Comes At Night" de Trey Edward Shults
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