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Le journal de Pok
11 mai 2018

"Sans un Bruit" de John Krasinsiki : le Silence des Agneaux

a quiet place affiche"Sans un Bruit" ("A Quiet Place" dans sa version originale, soit un titre plus pertinent car plus paradoxal et donc menaçant) avait tout ou presque pour devenir un classique de la SF et de terreur, un marqueur de son époque comme, disons, "Alien" le fut pour ma génération qui eut la chance de le voir en salle à sa sortie : un excellent sujet - la menace mortelle permanente que fait peser sur les personnages le moindre bruit qu'ils feraient dans leurs activités les plus ordinaires -, d'excellents acteurs (en particulier Emily Blunt dont on connaît déjà le talent), et une excellente mise en scène (au moins la plupart du temps) de la part d'un John Krasinski totalement aux commandes de ce petit film qui est visiblement un projet personnel. Et il faut bien admettre que cela fait très longtemps qu'un "film de monstre" n'a pas engendré en nous un tel stress, une telle tension quasi permanente, voire même de vrais moments de peur, ce qui justifie la très bonne réception critique que le film a eu aux USA.

Malheureusement, Krasinski n'a pas tout juste dans la construction de son scénario, en particulier dans la dernière partie du film, qui détruit le sentiment de quasi-perfection dans lequel le spectateur flottait (blotti sur son siège, quand même...) jusque-là : les personnages se mettent à faire n'importe quoi comme dans un "slasher" bien basique, le timing de l'action ne tient plus, et, crime inexcusable, la résolution finale manque totalement de cohérence avec toutes les prémisses de la situation si subtilement exposés jusqu'alors. Au point où l'on se demande ce qui a pris Krasinski de saboter ainsi son film, qu'il avait mené aussi judicieusement jusqu'alors !

Ajoutons aussi que Krasinski aurait pu - non, il aurait dû, puisqu'il s'agit d'un film sur le silence - faire totalement l'impasse sur la musique convenue de "film de SF à suspense" qui gâche encore certaines scènes : on voir combien Krasinski avait pourtant compris la force de son sujet avec l'irruption magnifique du "Harvest Moon" de Neil Young, justifiée par l'échange d'écouteurs entre les protagonistes... Quelques jump scares triviaux, hors sujet, viennent également confirmer qu'il est désormais très difficile de réaliser une œuvre vraiment ambitieuse et sans scories "du genre" dans le cadre du cinéma commercial.

La déception est donc à la mesure de l'excellence du projet... mais au moins, nous aurons vécu une belle expérience de tension extrême pendant une bonne partie du film, ce qui est mieux que pour 99% des films récents de SF et / ou d'horreur.

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