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Le journal de Pok
27 janvier 2018

Célébrons éternellement le génie d'Hergé : "Tintin T1 - Tintin au Pays des Soviets"

TintinActuelSovietsOui, on devait être en 1968... même si mes souvenirs de mes 10 ans sont forcément approximatifs. J'avais déjà lu la majorité des Tintin publiés, quand je fis la connaissance d'Alexandre qui me révéla l'existence d'un "Tintin au Pays des Soviets" que son oncle possédait. D'abord incrédule, puisque l'album ne figurait pas dans la "liste officielle" des Aventures de Tintin et Milou affichée au dos de mes albums (et que je parle d'une époque où il n'existait pour un tout jeune provincial aucune manière d'avoir accès à ce genre d'informations...), je ne fus convaincu de la réalité de ce véritable fantasme que quand je le tins entre mes mains fébriles...

La déception fut terrible. Ce livre me sembla une véritable horreur, : mal dessiné, ne racontant rien de sensé, à mille lieues du glorieux personnage de Tintin que j'adorais... Je rendis l'album poussiéreux à Alexandre, sans d'ailleurs en avoir jamais soupçonné la valeur marchande. Et je ne relus jamais "Tintin au Pays des Soviets" jusqu'à ce jour, tant avait été violente cette déception de lecteur, peut-être la première de ma vie.

Que dire aujourd'hui de cette première apparition du personnage le plus important de la BD franco-belge ? Que, à l'évidence, ses aventures à la découverte de l'horreur bolchévique restent toujours aussi illisibles ? C'est à peu près indiscutable, tant le récit est erratique, tant les péripéties en sont absurdes, tant les personnages manquent de la moindre consistance (j'allais dire profondeur, mais on n'en est même pas là...), et surtout tant il est impossible d'y prendre vraiment du plaisir, disons "au premier degré".

Ce qui ne signifie pas qu'il ne faille pas lire "Tintin au Pays des Soviets", parce que, au delà d'y assister à la naissance, même improbable, d'un mythe, le lecteur attentif pourra déjà noter le dynamisme, l'énergie du dessin du débutant qu'était encore Georges Rémi. Parce que, au lieu de se lamenter du grand n'importe quoi auquel a recours Hergé pour tirer son héros de situations impossibles, on peut au contraire s'amuser du surréalisme absurde de ses inventions, du scaphandre qui traîne par hasard dans une cellule de prison à l'hélice taillée (deux fois) au canif dans un arbre, en passant par les balles en papier mâché du peloton d'exécution. Et surtout parce que, si moi qui était élevé dans un milieu "de gauche", j'avais été à l'époque moins sceptique quant à la description faite ici, que l'on sait aujourd’hui tragiquement réaliste, de la vie en URSS, je ne me serais pas moi même égaré du côté des communistes pendant mon adolescence...

Sans doute est-ce finalement ce témoignage naïf (on sait que Hergé était surtout influencé par la propagande du milieu très conservateur dans lequel il travaillait, et il n'est pas sûr qu'il ait lui-même voulu transmettre un vigoureux message politique !), mais de première main, d'événements-clé dans l'histoire du XXème siècle qui fait de "Tintin au Pays des Soviets" un livre important, dépassant aisément ses limites de roman feuilleton populaire, commercial et amateur.

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