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Le journal de Pok
12 décembre 2017

Gogol Bordello au Trianon (Paris) le samedi 9 décembre

2017 12 09 Gogol Bordello Trianon (20)A 20h35, Eugene et sa bande, partiellement renouvelée depuis la dernière fois que j’ai vu le groupe en live, investissent la scène du Trianon comme un ouragan qui déferle sur nous. Le fantastique Break into Your Higher Self, l’un des sommets du nouvel album, ouvre le set, et c’est déjà la folie dans le Trianon : je me souviens d’un coup pourquoi je n’ai jamais pu faire de photos correctes de Gogol Bordello avec mon petit Lumix, tout le monde bouge beaucoup trop pour qu’il soit possible de figer sur un cliché ce cirque complet !

Ma première impression, c’est que le groupe joue ses morceaux en accéléré, avec une frénésie qui impressionne, et que le son est plus sec, plus dur, qu’autrefois. Malheureusement, placé comme je suis devant la basse du débonnaire Tommy T, l’Ethiopien, à la barbe teinte en bleue ce soir, et devant l’accordéon de Yuri – le joli garçon de la troupe, distribuant maintes œillades à ses nombreuses groupies du premier rang – j’entends peu la guitare et pas assez le violon de l’inamovible Serguey, le pilier du style musical de Gogol Bordello. Mais bon, au moins, si l’ensemble manque de puissance, la voix d’Eugene est, elle, clairement audible.

L’enchaînement des deux hyper-classiques gypsy punks que sont Wonderlust King et Ultimate font trembler les fondations du Trianon, le parquet est devenu un trampoline, le mosh pit est général, et je me trouve ma foi assez satisfait d’être un peu excentré et donc relativement protégé des tourbillons de la marée humaine. Eugene a tombé la veste et ruisselle déjà de sueur. Saboteur Blues voit l’entrée de Pamela, en veste militaire façon soldat de l’Empire et en dessous affriolants : elle chante la partie “française” de la chanson, et impose sa généreuse présence scénique. Je dis cela, mais en fait, honnêtement, chaque musicien du groupe, hormis le batteur logiquement prisonnier derrière ses fûts, viens faire le spectacle au contact du premier rang, dans un va-et-vient incessant qui permet de relancer en permanence l’excitation. My Companjera voit tout le monde chanter en chœur, car si j’ai quant à moi oublié le peu de textes de Gogol Bordello que j’aie jamais connus, autour de moi, on est capable de chanter une bonne partie des paroles de toutes les chansons.

2017 12 09 Gogol Bordello Trianon (66)Alcohol nous permet de respirer un peu, avec un rythme moins euh… excessif, et j’arrive enfin à prendre quelques photos passables, ouf ! Et ça repart avec l’irrésistible Walking on the Burning Coal, où les cuivres des Lucky Chops s’invitent et viennent rajouter du corps et du souffle aux chansons… J’ai l’impression de retrouver un peu plus le style “traditionnel” du groupe, moins Rock peut-être, mais plus roots.

J’ai mentionné les changements de personnel, ils sont notables puisque, a priori, à part Serguey, Tommy T et l’inénarrable Equatorien Pedro qui œuvre comme maître de cérémonie et ludion fantaisiste à la fois (j’ai adoré ses espadrilles bicolores…), le groupe est complètement différent de celui de 2010. Mais après tout, l’essence de Gogol Bordello ne se réduit-elle pas à Eugene et Sergey ? Bon, au-delà du charisme de Pasha, il faut quand même signaler l’énergie indomptable de Boris, le nouveau guitariste, courant inlassablement de droite à gauche de la scène en lâchant ses riffs en rafales.

Alors que, comme c’est d’ailleurs souvent le cas dans les concerts de Gogol Bordello, le public commence à fatiguer passer une heure et demi d’intensité, et que le “ventre mou” du set permet aux musiciens de se relâcher un peu, voilà l’ami Eugene qui monte sur une grosse caisse jetée sur la foule comme un radeau fragile sur l’océan déchaîné, et qui relance sa machine folle pour la dernière ligne droite : c’est un trio de chansons imbattables datant des origines, Understructable, puis le crowd pleaser ultime qu’est Start Wearing Purple, et enfin Sally, jalons d’un âge ”pure gypsy punk” qui remonte déjà à 12 ans en arrière.

2017 12 09 Gogol Bordello Trianon (192)On attend maintenant un rappel musclé, puisque la set list indique potentiellement sept titres, mais nous n’aurons droit qu’à deux derniers brûlots, le nouveau Familia Bonfireball, et l’immortel Pala Tute qui nous offrira nos derniers braillements en chœur de la soirée, avant que les musiciens viennent longuement serrer les mains aux premiers rangs. Je sais bien qu’il n’est plus si rare désormais que des groupes se livrent à ce genre de “contacts intimes” avec leur public, mais chez Gogol Bordello, il y a dans les regards qui se croisent, entre la scène et la fosse, un peu plus de chaleur et de complicité que dans un habituel échange rituel de salutations. Ces gens-là, venus d’un peu partout sur la planète (Russie, Biélorussie, Ukraine, Amérique du Sud, USA…) pour nous offrir ce genre de soirées de folie où l’on pourrait refaire le monde en chansons et célébrer, une bouteille de vin rouge à la main (Eugene nous ayant d’ailleurs bien aspergé avec la sienne pendant qu’il chantait !) la possibilité d’un futur heureux et juste… ces gens-là croient en ce qu’ils font, et nous permettent nous aussi d’y croire avec eux, au moins durant quelques heures.

La conclusion de ce set de plus de deux heures, ce sera Eugene nous chantant en solo que le soleil est à son côté. Et au nôtre aussi.

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