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Le journal de Pok
27 novembre 2017

The Stranglers à la Cigale le samedi 25 novembre

2017 11 25 The Stranglers Cigale (22)20h30 : la petite valse d’intro habituelle (Waltzinblack !), qui, quoi qu’on en dise, fait un petit pincement au cœur, et les “Hommes en Noir” sont là. Vêtus de noir, comme il faut, et avec neuf ans de plus que la dernière fois que je les ai vus. Neuf ans qui les ont marqués, comme ils nous ont marqués, nous : Dave Greenfield ressemble de plus en plus à une vieille dame blafarde, lourdement fardée et portant un dentier voyant, tandis que Jean-Jacques Burnel est maintenant tout gris, mais paraît surtout assez éteint, lui qui portait jusqu’à l’heure bien haut la virilité brutale – et agressivement stupide lorsqu’il le sentait nécessaire - du gang.

Heureusement, pas le temps de s’appesantir sur le poids cruel des années que The Stranglers attaquent… Toiler on the Sea ! Personnellement, je considère toujours ça comme une petite malédiction quand un concert commence par votre chanson préférée : vous n’êtes pas encore rentré dans l’ambiance, et il vous faut vous livrer de manière un peu forcée au bonheur, tout en sachant que quand vous serez chaud, la chanson aura déjà été jouée. Damned ! Mais bon, c’est Toiler on the Sea, extrait du meilleur album du groupe, l’immortel et terrassant “Black and White” (qui nous fournira d’ailleurs TOUS les meilleurs moments de cette soirée !), une chanson qui matérialise parfaitement la singularité du groupe, cette sorte de punk progressif qui ouvre des horizons sans rien sacrifier de sa violence sournoise. La voix de Baz continue à bien faire le taf, suffisamment proche celle du regretté Hugh Cornwell pour que les classiques du groupe passent comme une lettre à la poste, mais suffisamment différente pour qu’il n’y ait pas un sentiment gênant de copie. Les claviers de Greenfield sont une fois de plus, malheureusement, un peu trop en retrait, même si Jean-Jacques demandera un peu plus tard d’en monter le niveau sonore. Globalement, je trouve que le son n’est pas extraordinaire, assez fort mais pas très clair… à moins que ça soit tout simplement les musiciens, qui ne sont pas parfaitement ensemble sur pas mal de chansons ?

2017 11 25 The Stranglers Cigale (26)La setlist se déroule sur le mode habituel, avec une construction classique (démarrage en force – morceaux plus calmes – final à l’arraché), et un choix raisonnable de morceaux extraits de presque toutes les périodes du groupe, hormis bien entendu les années horribles de l’ineffable Paul Roberts : les quinquagénaires anglais se déchaînent sur Sometimes ou Grip, mais je me rends compte depuis mon perchoir que, même si ça secoue pas mal dans la fosse, l’ambiance reste “bon enfant”. Pas de problème à craindre ce soir, même si la crash barrier devant pliera dangereusement sous le poids des spectateurs écrasés par les écarts du mosh pit, et que les videurs auront pour une fois un travail conséquent à évacuer des slammers au format et au poids bien plus conséquent qu’à l’habitude : eh oui, c’est moins fun de soulever des pères de famille à l’embonpoint nourri à la bière, torses nus et suants que les habituelles petites minettes évanouies !

J’ai déjà parlé du fait que Jean-Jacques me semble un peu en retrait désormais, effectuant beaucoup moins systématiquement ses légendaires pas de danse avec sa basse. Souriant, les yeux dans le vague ! Heureusement, un peu de la vieille crasse d’antan subsiste quand il prend la parole au micro, assénant ses habituelles provocations gratuites, du genre : « Alors, vous avez élu un Ecossais comme président, non ? Emmanuel MAC-Ron ! ». Qu’est-ce qu’on rigole ! Ou plus tard, l’inévitable « 75 ? Fuck Off !! ». Loin quand même du niveau de provocation des années 80, et le « Paris, capitale du SIDA » proféré sous les crachats au Zénith, comme on me l’a récemment rappelé… Globalement, Jean-Jacques fait plutôt bon bougre désormais, et les Stranglers célèbrent même ce soir la demande en mariage qui a été formulée dans le bus des supporters anglais. Petit commentaire nasty en passant, quand même : « Ce n’est pas ton premier mariage, quand même ? ».

Bon, revenons à la musique : Nice’n’Sleazy déboule, et c’est une tuerie définitive, pour moi le plus beau moment de la soirée : la basse qui déchire vraiment, la mélodie imparable, les paroles agressives, les Stranglers au sommet de leur Art ! La suite est inévitablement une déception : s’engager dans les années plus “commerciales“ en enchaînant des versions pas trop bien jouées de Midnight Summer Dream et European Female, ce n’est pas top pour maintenir l’ambiance, et même la claque britone marque le pas. Always the Sun est toujours bien agréable, mais on frôle le karaoké. Don’t Bring Harry chanté principalement en français (« N’emmène pas Harry ! ») est tout simplement atroce, et Golden Brown complètement insipide, malgré les paillettes dorées envoyées sur le public par la boule à facettes. Le set touche alors le fond…

2017 11 25 The Stranglers Cigale (83)… et aura du mal à reprendre, le retour aux morceaux musclés manquant quand même de la sauvagerie sale des grands jours. Relentless et le grand Norfolk Coast sont trop peu connus du public français pour rallumer la mèche, malgré les efforts émérites du contingent anglais d’exciter un peu la foule. Il faut attendre le trio final Hanging Around / 5 Minutes / Tank (surtout, Tank, terrible !) pour qu’on ait à nouveau l’impression d’être à un concert des Stranglers !

Ils ont déjà joué leurs rituelles quatre-vingt-cinq minutes, et je vois bien le set se terminer comme ça… mais non, nous aurons quand même droit à un rappel de deux titres. JJ nous annonce, hilare, que « Non, les Stranglers n’ont pas toujours été les génies mélodiques que vous connaissez, et pour le prouver, voici l’un de nos premiers morceaux ». Et c’est Go Buddy Go, une chanson certes basique de chez basique, mais très réjouissante, qui met le public dans le juste ton, avant que le grondement de l’intro de No More Heroes ne signale la dernière éjac faciale avant la fin du concert. Honnêtement, la version de ce soir est plutôt pathétique, prouvant que, vraiment, les Stranglers ne sont pas très en forme aujourd’hui. Mais bon, c’est une tellement grande chanson et tout le monde gueule tellement fort que ce n’est pas très grave non plus.

Voilà, c’est fini. Je descends dans la fosse pour récupérer au moins une photo de la setlist, confiée par les roadies à la tribu anglaise, et j’en profite pour tailler le bout de gras avec un fan originaire du Hampshire : comme moi, il n’a pas trouvé le concert exceptionnel mais a apprécié l’ambiance…

Bref, les Stranglers n’ont pas été GRANDS ce soir, peut-être aussi à cause d’une setist loin d’être parfaite (où étaient les brûlots de “The Raven“ ?), mais ils nous ont quand même rappelé combien ils sont un groupe essentiel de l’histoire de Notre Musique. Un groupe toujours marginal malgré ses succès commerciaux de l’époque. Un groupe pas vraiment reconnu, donc encore plus attachant, du coup. Nos vrais héros à nous, ça oui !

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Commentaires
L
je suis ok avec toi, black and White reste mon album préféré. Mais il y a des pépites dans tous les autres
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