Séance de rattrapage : "Quelques Minutes Après Minuit" de Juan Antonio Bayona
Comme "Lo Imposible" le laissait craindre, Bayona est un réalisateur absolument haïssable, du genre à vendre son père et sa mère pour tirer des larmes à ses spectateurs pris en otages, et bien entendu ramasser le jackpot du succès populaire. Sans atteindre à la bassesse de "Lo Imposible", ce "A Monster Calls" à la réputation incroyablement surévaluée (et que je me répande un peu partout sur le "chef d'oeuvre absolu" que ce serait, à croire que tous ces gens n'ont jamais vu de vrai cinéma !) est éthiquement tout à l'opposé de ce qui est la nature même de l'Art cinématographique : il n'y a aucune limite aux scènes larmoyantes qui n'ont pour but que de briser les dernières barrières qui pourraient encore tenir dans votre coeur, l'équation "cancer de la maman adorée + papa parti fonder une autre famille très loin + persécution brutale de la part des autres collégiens" fonctionnant ici au même niveau que les tourments de la famille américaine victime du tsunami dans le film précédent... Pire encore, Bayona ne crédite son "média" d'absolument aucune capacité de suggestion, sans même utiliser le mot, banni ici, de subtilité : tout doit être asséné et répété plusieurs fois pour être bien certain que tout le monde aura bien compris le "message". Et que je t'accumule les symboles, les représentations, et pour finir les discours sentencieux (Liam Neeson est très bon pour les déclarations sentencieuses !) à l'intention des plus distraits ou des moins éveillés d'entre nous. Bon, le spectateur qui arrivera à survivre au milieu de ses kleenex trempés et de son mal de tête croissant notera toutefois quelques belles fulgurances graphiques qui rattrapent la laideur endémique des effets speciaux, que le gamin est très joliment crédible et que Felicity Jones reste bien lumineuse malgré son cancer, et que tout ça constituerait presque une bonne raison de voir le film. Pour le reste, entre une mise en scène sans inspiration (nul moment de peur, nul instant de stupéfaction devant le spectacle soi-disant grandiose qu'on nous inflige...), et surtout un contresens total sur la nature et le rôle des contes de fées (bon dieu, lisez Bruno Bettelheim sur ce sujet !), je crains bien qu'il y ait très peu à sauver dans ce "A Monster Calls".