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Le journal de Pok
4 septembre 2017

Slowdive à Rock en Seine le dimanche 27 août

2017 08 27 Slowdive RES J3 (31)20h50 : Bien sûr, bien sûr, les quadras sur scène sont bien loin des jeunes chevelus qui regardaient leurs pompes au début des années 90, et il y a forcément quelques secondes d'adaptation aux belles bacchantes de Neil Halstead comme au format ménagère de Rachel Goswell. Et d'ailleurs, qui suis-je moi, avec mes abdos Kronenbourg et mon crâne dégarni pour juger de l'apparence de musiciens bien plus jeunes que moi ? Et ce d'autant que dès que s'élèvent les premières notes de Slomo, l'effet de suspension de l'incrédulité est imparable : Slowdive en 2017, c'est comme Slowdive en 1993, simplement en mieux. En fait, ce concert sera une claque, d'autant plus forte que je ne l'attendais pas. Un très bel album un peu convenu, comme une réminiscence d'une musique largement oubliée (The Cure de "Disintegration" meets My Bloody Valentine, on va dire pour préciser les choses) ne vous prépare pas à une musique aussi vivante, aussi électrique, aussi éblouissante. Moins dream pop et plus shoegaze à partir de Slowdive, second morceau ce soir, le set va faire la part belle aux "vieux albums" du groupe, ce qui attisera les larmes et les cris de joie de la plupart de mes voisins : c'est que j'ai l'air d'un pied tendre, moi, à découvrir un tel groupe 25 ans trop tard ! Les guitares sont délicieusement distordues et saturées d'effets avec une maîtrise remarquable, et les voix sont comme il se doit à peu près inaudibles (c'est la règle dans ce genre musical, sachez-le) : le gag sera quand sur l'intro de Sugar for the Pill (je crois), Neil demandera à la console de baisser le niveau de sa voix, alors que pour la première fois on l’entendait à peu près clairement. C'est que ce qu'on recherche ici, au-delà du doux envoûtement provoqué par des mélodies nostalgiques, c'est le déferlement sonore absolu des guitares, mettant en danger l'équilibre nerveux de l'auditoire, sans même parler de leur ouïe (superbes acouphènes pour moi le lendemain matin, comme à la bonne vieille époque !). Ces explosions nucléaires occasionnelles, accompagnées d'une lumière blanche tétanisante, qui rappellent les attentats sonores de MBV (un degré au-dessous quand même), cristallisent magnifiquement la jouissance sous-jacente à cette musique de fantômes transis. Si l'on a du mal à raccorder cette marée sonore éblouissante avec le spectacle de musiciens visiblement très à l'aise et heureux de vivre un second acte aussi triomphal dans leur carrière, c'est qu'il faut comprendre qu'une musique aussi essentiellement belle, puissante, lumineuse, ne peut être que le fruit de l'expérience. Rachel dédie en souriant Alison (grands cris des fans !) à toutes les femmes qui s'appellent Alison : avec son regard pétillant qui dévisage tour à tour chacun de nous au premier rang, Rachel nous donne la clé du triomphe actuel de Slowdive, l'universalité des sentiments que sa musique exacerbe. Au bout d'une heure beaucoup trop courte mais absolument satisfaisante, on se quitte sur ce qui - je le découvrirai par la suite - est une reprise de Syd Barrett, dans une déflagration sonore atonale qui couronne ce set remarquable.

Nos oreilles ont maintenant besoin de repos, mais notre tête est pleine d'images et de sensations magnifiques. Ce qui est quand même ce qu'on demande à la musique depuis qu'elle existe : nous faire rêver, nous faire dériver vers d'autres mondes, nous rendre sourds... euh, un peu moins ça, peut-être...

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Commentaires
B
Concert magique, je confirme!
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