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Le journal de Pok
25 mai 2017

"Whiteout Conditions" de The New Pornographers : l'enfer blanc

2017 05 18 The New Pornographers Divan du Monde AlbumCela presque 20 ans que les "New Pornographers" existent et abreuvent le monde depuis Vancouver de chansons puissantes et aux mélodies régulièrement irrésistibles (soit la définition exacte du fameux "Power Pop", genre bâtard - entre rock dur et pop suave - dont on pourrait acter la naissance avec celle des géniaux Kinks, et qui ne devint brièvement "commercial" qu'au cours des années 80), ne suscitant malgré des critiques élogieuses que l'indifférence du public européen, et notamment français...). "Whiteout Conditions" est le septième album de ce groupe que les Canadiens qualifient de manière optimiste de "super-", du fait qu'il s'agit pour ses musiciens d'une occupation parallèle à leurs carrières individuelles, localement assez notables... Et l'on ne voit pas très bien ce qui pourrait ici créer un déclic suffisant pour changer la notoriété très réduite du groupe, hormis la... stupéfiante qualité de ses chansons. Avec le départ, regretté par certains pour le décalage qu'il créait par rapport à la folie joyeuse du groupe, de Dan Bejar, Carl Newman a ici les mains libres pour aligner ses compositions frénétiques, intenses, pour tout dire splendides (... qui dissimulent comme de bien entendu des textes légèrement dépressifs...). S'il faut trouver un défaut à "Whiteout Conditions", c'est indiscutablement la fatigue que peut faire naître l'enchaînement imparable de compositions pop débitées à 100 à l'heure, dans un maelstrom qui évoque aussi bien les gimmicks de synthés des années new wave que l'alchimie émotionnelle de leurs compatriotes d'Arcade Fire. La manière dont la production entremêle les voix masculines et féminines, dont celle de Neko Case (qui est moins dans cet album dans son registre romantique habituel), dans des harmonies parfaites touche parfois à la pure magie, et certaines chansons ont ici la force surnaturelle qu'on attribue en général aux grands classiques des années 60 : c'est dire le niveau où trône désormais ce groupe. Et c'est dire combien le fait que vous continuerez tous à ignorer leur existence est de plus en plus révoltant.

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