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Le journal de Pok
1 février 2017

Lambchop au Trabendo le 30 janvier

2017 01 30 Lambchop Trabendo (9)20h35, c'est en formation réduite, un simple quatuor que Kurt Wagner présente son Lambchop ce soir : accompagné de l'indispensable et fidèle Tony Crow aux claviers célestes, il s'est adjoint deux jeunes musiciens à la basse et à la batterie... On remarquera néanmoins dès le premier morceau (NIV) l'utilisation de claviers et sons électroniques divers préenregistrés contrôlés par le batteur, la première nouveauté de ce Lambchop ver 2.0. Et la voix ? Eh bien, elle est en effet constamment retraitée électroniquement, et utilisée désormais quasiment comme un instrument, légèrement en retrait aussi. Ce qui frappe immédiatement, c'est l'atmosphère extrêmement feutrée, retenue, que crée cette "nouvelle musique" : si Lambchop n'a jamais été un groupe de heavy rock ou de speed metal bien sûr, il est maintenant passé au quasi silence et à une lenteur terminale. La beauté est bien sûr toujours là, saisissante parfois, mais la rançon de ce minimalisme électronique, c'est un sentiment de stagnation qui envahira peu à peu la salle...

Le second titre (The Hustle), qui voit Wagner saisir sa guitare et abandonner son vocoder, donne un instant l'espoir d'une alternance entre l'ancien Lambchop et le nouveau, mais c'est un leurre, le concert s'avérera intégralement, même lorsqu'il s'agit de reprendre quelques plus vieux morceaux, dans l'exact style de "FLOTUS", joué d'ailleurs dans sa totalité si je ne m’abuse. Autre caractéristique nouvelle, Wagner, qui a toujours été un grand timide, est désormais un peu en retrait au fond de la scène, absorbé derrière un tabouret sur lequel il a placé ses textes (une ou deux pages par chanson qu'il va ensuite ranger soigneusement, le morceau terminé, derrière lui...), et le boîtier électronique qui lui permet de contrôler les effets sur sa voix. Il a clairement délégué la communication avec le public à l'ami Tony, qui est, on le sait un joyeux drille, et nous fera régulièrement rire avec ses vannes sur Trump (« What's the difference between a lentil and a chick pea ? Trump would not pay a thousand dollars for a lentil on his face ! » : hilarant mais malheureusement intraduisible !) et ses déclarations frôlant l'absurde.

2017 01 30 Lambchop Trabendo (76)Politiquement, on sait bien où le cœur de Wagner and Co balance, et même si le concert ne sera évidemment pas un meeting politique, les prises de position seront sans ambiguïté : « Nous venons de Nashville, et là nous avons quelques voisins que nous échangerions bien contre quelques Mexicains cool ! »… et surtout le mot de la fin ou presque, délivré par Kurt lui-même, avec son habituelle chaleur : « La France est un pays accueillant, les USA sont un pays accueillant, venez tous chez nous, vous êtes les bienvenus »…

Bon, revenons à la musique : le set durera plus d’une heure quarante-cinq, avec un seul titre en rappel, mais restera donc totalement cohérent du point de vue sonorités et ambiance, ce qui fait que, en dépit de deux ou trois montées en puissance de la section rythmique – pour des moments assez jazz d’esprit -, il se dégage une certaine monotonie à la longue. Je sens d’ailleurs bien autours de moi que l’enthousiasme initial du public, qui avait culminé sur une très belle version de Writer, faiblit peu à peu, et qu’on se trouve tous un peu réduits à contempler l’ami Kurt qui s’agite à la manière d’un B-Boy (… bon j’exagère un peu mais vous voyez ce que je veux dire…) derrière son tabouret…

Lambchop en 2017 a effectué une mutation radicale effectivement surprenante, ce qui est tout à l’honneur de Kurt Wagner, mais n’est pas forcément une bonne chose sur scène, quand on se remémore l’intense chaleur et l’émotion qui se dégageait naguère des sets du groupe. Espérons donc que cette expérimentation n’est que temporaire, et que nous retrouverons la prochaine fois une musique plus directe et plus… humaine.

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