Mais qu'est-il donc arrivé à Spielberg, Hanks et compagnie, pour qu'ils délaissent ainsi dans le deuxième volet de leur saga sur la seconde guerre mondiale tout ce qui avait pu faire l'intérêt de leur "Band of Brothers", certes pas parfait, mais quand même impressionnant. "The Pacific" est un semi-navet, que l'on ne sauvera de l'enfer du cinéma qu'en lui reconnaissant qu'un certain nombre de scènes restent réussies : le neuvième épisode et l'enfer sur terre de la bataille d'Okinawa, quelques uns des moments plus sentimentaux - trop sentimentaux, certes - décrivant les parenthèses plus heureuses de la vie des Marines... Pour le reste, "The Pacific" est incroyablement médiocre, tant au niveau de son script inconsistant, de ses personnages falots pour lesquels on ne ressent aucun intérêt (et pendant dix heures, c'est long, mais c'est long !), de sa mise en scène régulièrement en dessous du minimum requis (les deux premiers épisodes sont catastrophiques, littéralement illisibles). Ajoutons l'accumulation d'images gore, que HBO a tendance, on le soupçonne, à utiliser comme représentation du "positionnement adulte" de la maison, l'incompétence des acteurs, l'absence totale d'éléments "instructifs" sur le conflit, le rejet "hors champs" de l'ennemi japonais qui n'a quasiment pas droit à la représentation, et on a affaire à un échec cuisant. Le pire est sans doute que Spielberg et Hanks ont bel et bien oublié que le plus fort de "Band of Brothers" était la peinture de la manière dont l'adversité unit les hommes : "The Pacific" ne dépeint que des aventures individuelles, égarées dans un univers vide de sens. Ce ne serait d'ailleurs pas inintéressant, sauf que évidemment, cela contredit violemment les propos patriotiques et la glorification de l'Amérique qui reste finalement le vrai propos de la série.