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Le journal de Pok
6 août 2016

Séance de rattrapage : "L'Amour est un Crime Parfait" de Arnaud et JM Larrieu

l-amour-est-un-crime-parfait affiche

D'abord il y a le livre de Djian. Pas son meilleur et loin de là, mais enfin, il y a quelques leçons sur l'écriture dispensées par cet écrivain obsédé par la belle prose, et aussi les fameuses ellipses qui tuent, chères à l'auteur. Ensuite, il y a les Frères Larrieu, capables du tout meilleur ("Un Homme Un Vrai", remember ?) mais un peu enlisés dans leur propre univers salace depuis quelques temps. Les faire se rencontrer dans la froideur de la Suisse (un bâtiment à l'architecture transparente étonnante, des montagnes sous la neige) était a priori une idée un peu bizarre mais intéressante. Et puis il y a eu le mépris, la haine avec laquelle le "grand public" a répondu au film, qui décuple forcément l'intérêt qu'on peut lui porter. "L'Amour est un Crime Parfait" est, logiquement, un objet singulier, avec sa belle parole directement extraite de chez Djian, son scénario qui ne respecte aucun code du thriller, malgré les crimes et le jeu du chat et de la souris auxquels se livrent tous les personnages (rappelons-le, "Incidences" n'était pas un thriller non plus, ou alors à peine...), et ses acteurs qui ont surtout l'air de beaucoup s'amuser (une caractéristique, et peut-être la meilleure, de la plupart des films des Frères Larrieu...). Et sa mise en scène patiente, distanciée, qui laisse assez d'espace au spectateur pour qu'il se fasse son propre film dans les trous béants de la mémoire de Marc. On pourra à la rigueur déplorer une tendance à la caricature facile - mais le texte de Djian, assez pince-sans-rire, l'autorisait - et un bon quart d'heure de trop. On s'étonnera surtout que Djian ait autorisé à mettre dans la bouche de Marc des théories aussi différentes des siennes quant à la littérature... même si on comprends que le paysage comme représentation de l'être humain, c'est une sorte d'illustration de ce que les Larrieu font, et plutôt bien, depuis des années. Quant à la haine du Français moyen pour ce film, j'ai bien peur que cela soit cette haine croissante de l'intelligence et de l'originalité qui gangrène notre pays, autrefois cinéphile : "L'âge d'Or" de Buñuel serait encore plus mal reçu aujourd'hui qu'il ne le fut à l'époque...

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