Il paraît donc que Mr. Vance (Jack ou John Holbrook suivant le type de roman auquel il se consacre) est une écrivain réputé de SF et de Fantasy, domaine auquel il fait d'ailleurs référence dans "Méchant Garçon", puisque, ironiquement, il le présente comme un passe-temps régressif de son "héros" psychopathe, le répugnant Ronald. C'est bien là l'une des seules qualités de ce thriller terriblement médiocre, qui ne démontre finalement que l'incompétence de Mr. Vance à animer une intrigue et faire exister des personnages crédibles. Certes, l'idée de départ - classique mais forte, aux racines psychanalytiques profondes (le mal à l'intérieur du cocon que devrait être une maison, les murs qui ont des yeux et vous observent impitoyablement, etc.) - offre au lecteur de belles pages de perversité, surtout lorsque Vance nous fait vivre dans la tête d'un Ronald s'abandonnant complètement à ses vices. Si l'on oublie le puritanisme prudent d'une narration évitant assez lâchement la violence sexuelle qui est pourtant au coeur du sujet, si l'on passe également sous silence la pauvreté du style de Vance (sans doute trahi par une traduction sans talent), particulièrement au niveau des dialogues, maladroits et faux, la principale erreur du livre, qui plombe terriblement sa dernière partie, est d'abandonner complètement le personnage de Ronald pour ne plus nous offrir qu'une perspective extérieure, particulièrement faible, du dénouement de l'intrigue. Ce basculement de point de vue, sans doute destiné à créer un suspense additionnel (artificiel...) nous prive en fait de ce que le livre avait de plus fascinant et de plus profond à nous offrir : partager le temps d'un roman l'esprit dérangé d'un psychopathe. C'est vraiment dommage !