Parquet Courts à la Gaîté Lyrique le lundi 27 juin
21h10, le quatuor de Parquet Courts entre sur scène, pour ce qu’ils annoncent être le dernier set de leur tournée. Deux constatations : les Parquet Courts, en adéquation complète avec les principes qu’ils défendent, sont sur scène comme à la ville, et dégagent une sympathique impression d’une bande de slackers venus ici avant tout pour rigoler ; ensuite, la configuration scénique est particulière, puisque c’est le bassiste, Sean Yeaton, qui est plein centre, alors que les deux chanteurs-guitaristes-compositeurs, Andrew Savage – petite peste au chant agressif - et Austin Brown – grande asperge décontractée - sont de chaque côté, se relayant donc derrière le micro suivant les chansons. Mais cela fait finalement du sens, car la basse grondante et impressionnante de Sean, qu’on ne perçoit pas autant sur les albums, est la magnifique colonne vertébrale de la musique de Parquet Courts, sur laquelle les guitares tricotent leurs accords biscornus et leurs soli saturés.
Le set commence par six morceaux d’affilée du dernier album, « Human Performance », et on comprend tout de suite que le respect des originaux n’est heureusement pas la tasse de thé des Frères Savage and Co. (oui, le batteur est le frangin d’Andrew…) : si les enregistrements studios peuvent être accusés d’être un peu trop fidèles au gospel du Rock de la Big Apple, sur scène, on jette tous les codes par-dessus bord, et on joue instinctif, voire régulièrement – dans la seconde partie du set – sauvage, justement. Parquet Courts expédie d’ailleurs rapidement les deux titres un peu plus « commerciaux » - si l’on ose dire – de l’album, Dust et Berlin Got Blurry, mais tous les titres sont finalement joués dans le même bon esprit : riffs de basse saignants – Sean fait le clown quasiment en non-stop sur scène, virevoltant comme une (grosse) ballerine, faisant moult révérences précieuses, au éclusant beaucoup de bières, et faisant des interventions assez strange au micro entre les chansons -, mélodies bringuebalantes traversées de soli stridents, vocaux sous-mixés, enchaînements abrupts entre les chansons…
Dans la salle, sans que ça soit tout-à-fait l’hystérie des grandes soirées punks, n’exagérons rien (on n’est pas chez les Black Lips, quand même…), il y a un petit mosh pit qui s’agite bien, et quelques slams bon enfant pour animer la soirée. On en arrive au superbe One Man No City, à mon avis sommet de l’album, qui va permettre à Austin Brown, devant nous, de nous gratifier d’un long solo « velvetien » du plus bel effet. A partir de là, le set s’emballe (même si Austin Brown nous gratifie d’un long récit de leurs déboires dans les transports en commun français en temps de grève… logiquement un sujet d’étonnement pour des Américains parcourant la France…), et Parquet Courts enchaînent les brûlots punks des albums précédents, à la plus grande satisfaction d’un public désormais bien chaud. Le concert s’achèvera avec des délires expérimentaux et bruitistes de Content Nausea, la tentative de musique improvisée et hors des sentiers battus, que le groupe avait publié en 2014.
Pas de rappel malheureusement – malgré les protestations du public qui en re-demande -, après une heure et dix minutes d’un set bien tassé, parfois décontracté, parfois intense, qui prouve qu’on a bien raison de suivre Parquet Courts, groupe sincère, original, perpétuant avec ténacité une certaine culture rock new yorkaise qui ne vieillit décidément pas.