Je suis personnellement assez indifférent au cinéma de Refn, qui affole pourtant pas mal de jeunes cinéphiles : j'y vois beaucoup de formalisme pas très novateur au service de sujets triviaux. L'admiration générale envers la série des "Pushers" me paraît exagérée et les comparaisons avec Scorsese ou Tarantino (hein ?) totalement hors sujet. Ceci posé, "l'Ange de la Mort", qui clôt la dite trilogie, est un film relativement réussi, parce que Refn se concentre sur son personnage principal, un truand vieillissant, junkie et trafiquant de moyenne envergure, au moment où celui-ci commence à lâcher prise, à commettre des erreurs, dont on sent qu'elles annoncent sa chute. Une chute que le film ne nous montrera pas, non sans intelligence, préférant se clore sur un plan de petit matin blême devant une piscine vide qui peut évoquer "les Soprano". En collant de manière à la fois réaliste et distanciée à son (excellent) acteur, Refn est plutôt dans le naturalisme et l'understatement, ce qui lui permet de ne pas glorifier ou "romanticiser" les comportements abjects qu'il filme, ce qui est tout à son honneur. Il est seulement regrettable qu'il sorte de sa réserve sur la fin en nous infligeant une scène pénible - pas vraiment justifiée non plus - d'équarissage humain, dont le film et les spectateurs se seraient bien passés.