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Le journal de Pok
18 mars 2016

"Saint Amour" de Délépine / Kervern : ivres d'amour ?

Saont Amour afficheA la différence des films précédents du tandem Delépine - Kervern, à peine "Saint Amour" a-t-il démarré qu'il semble pécher par manque d'agressivité, de pertinence "politique" quant à la situation des paysans français, qui est pourtant a priori le sujet d'un film commençant justement au Salon de l'Agriculture. On se retrouve, un peu dépités, dans une peinture très franchouillarde de la beauferie moyenne, qui peut rappeler certains travers des films de Bertrand Blier à son époque : les mâles bourrés et frustrés qui veulent tirer un coup, honnêtement, ce n'est pas très excitant comme programme ! Ricaner aux dépens d'une jeune femme hémiplégique et condamnée par le cancer, d'une jumelle devenue obèse par chagrin d'amour, ou encore d'une lesbienne se vengeant de sa compagne, ce n'est pas trop ce qu'on attend du cinéma de Delépine et Kervern. Se repaître de situations grossières causées par l'excès d'alcool (je pense aux 10 phases de la cuite ici illustrées) n'est guère plus élégant... Heureusement, face à notre trio Depardieu - Poelvoorde - Lacoste à la dérive sur les routes de France dans un road movie assez flagada, il y a les femmes - enfin, lorsqu'elles ne sont pas réduites des vignettes ridicules : la lumière du film, sa beauté au final, vient d'elles, et elles permettent la réconciliation du spectateur avec le projet de "Saint Amour". Plus que de la crise de l'agriculture, ou même des plaisirs de la Route des Vins (dieu merci, "Saint Amour" n'est pas non plus la version française du détestable "Sideways" de Payne !), on nous parle donc ici d'Amour, un peu d'amour entre père et fils, beaucoup d'amour entre homme et femme, et ce à tout âge. Et ce côté "comédie romantique", même à plusieurs (... papas pour une seule maman, la France restant la France !), adoucit considérablement la virulence habituelle de Delépine et Kervern, qui se niche ici seulement dans quelques scènes un peu plus surréalistes, comme celle avec l'inénarrable Houellebecq en tenancier paupérisé de maison d'hôte, ou celle avec la très jeune serveuse terrorisée par le discours médiatique sur la Dette et sur le fait que "nous vivons au dessus de nos moyens". Le bilan de "Saint Amour" n'est pas négatif, puisqu'on sort du film avec l'impression d'avoir vu et écouté un peu de "vérité" sur les maux qui nous accablent, dans notre famille, notre couple ou notre vie professionnelle : on est simplement passé à côté d'un film qui aurait été bien plus radical et passionnant s'il ne s'était pas accordé trop de rires faciles, et un peu indignes.

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