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Le journal de Pok
10 mars 2016

"The Revenant" de Alejandro G. Iñarritu : la folie des grandeurs

The Revenant afficheLe cinéma a de tous temps attiré les démiurges et les ambitieux à l'ego surdimensionné : dans le meilleur des cas, ça a donné Von Stroheim, Welles, Cimino, Carax, Cameron. Et beaucoup de grands films. Mais cela peut aussi donner, évidemment, des choses monstrueuses, lorsque la folie des grandeurs s'empare de réalisateurs qui n'ont pas l'étoffe de leurs rêves, comme le pénible Iñarritu, qui, après son mauvais "Birdman", enivré par les louanges, nous livre un "The Revenant" frisant l'insupportable. Ayant cru aux fadaises qui avaient déjà coulé un réalisateur pourtant d'une autre trempe comme Werner Herzog à son époque, Iñarritu a embarqué son équipe dans un périple épuisant dans le Grand Nord, imaginant qu'il suffisait de "vivre" les épreuves physiques pour faire du (grand - bien sûr) cinéma : le résultat, faute d'intelligence et de talent, est un naveton prétentieux, ennuyeux et d'un vide abyssal, une fois passées les deux fameuses "scènes choc" - marque de notre époque - de l'attaque des indiens et du combat contre le grizzly. Aveuglé par un sentiment de toute-puissance, Iñarritu a finalement confié son film à la photographie géniale du chef op de Malick et à l'énergie de DiCaprio (qui ne "joue" pas, on l'a bien compris !), et a fait quant à lui mumuse avec sa caméra, qui est devenue du coup le principal - voire le seul - protagoniste du film (malgré les efforts louables de Tom Hardy pour garder pied au milieu de ce délire). L'effet de déréalisation est bien entendu immédiat, le spectateur étant pris en otage par ces envols vertigineux et ces heurts incessants de cette maudite caméra contre le paysage et les acteurs. Dissimuler un vide thématique complet, voire moralement écœurant (la vengeance est un carburant exceptionnel, mais au final, il vaut mieux la laisser à ce Dieu courroucé qui décide tout de nos destins, en gros) par des effets surabondants de style, et en plus gâcher aussi complètement le potentiel du meilleur acteur américain de sa génération, voici les deux nouveaux péchés capitaux d'Iñarritu. Mon conseil : épargnez vous toute cette souffrance !

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