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Le journal de Pok
28 février 2016

Shearwater au Point Ephémère (Paris) le vendredi 26 février

2016 02 26 Shearwater Point Ephémère (3)21h25 : Jonathan Meibrug est accompagné cette fois de quatre musiciens : une petite bassiste au look butch, une belle asiatique aux claviers, un second guitariste qui restera peu visible durant tout le set, et un batteur qui s'avérera très rapidement problématique - au moins à mon goût - avec sa frappe puissante, mais très lourde et métronomique, clouant toutes les chansons au sol. Et de fait, l'aspect aérien, éthéré de la musique de Shearwater a désormais totalement laissé place à un rock dur, mâtiné de touches d'électronique qui font un peu gimmick, à l'image du gant lumineux avec lequel Jonathan met en scène Prime en intro du set, ou des lasers qui serviront à deux reprises à conférer un peu d'originalité à un set quasi entièrement basé sur les morceaux du nouvel album, « Jet Plane and Oxbow », et somme toute un peu trop répétitif. Les choses s'annoncent pourtant bien avec l'excellent Filaments, puis avec une belle montée en puissance sur le final de A Long Time Away. Le groupe joue serré et intense, porté par la frappe (excessivement) brutale de Josh Halpern, et quelque chose prend, qui, allié à la concentration (souriante, quand même) de Jonathan, laisse présager un décollage possible...

... sauf que la transition sur Rooks, une chanson jadis admirable, montre que cette formule « rentre dedans » a ses limites, et que c’est la splendeur passée des compositions de Shearwater qui en fait les frais : Rooks se termine d’ailleurs, elle aussi, par une partie très « rock », qui la dénature.

2016 02 26 Shearwater Point Ephémère (38)Au fil des chansons, un certain sentiment d'uniformité fait retomber l'enthousiasme dans la salle. Jonathan, cheveu très court et look d'Américain moyen (élégant quand même...) commente ses chansons : je me rends compte que, à l'image de la pochette moderne de « Jet Plane and Oxbow », Jonathan a abandonné sa fascination originale pour la nature, les îles perdues et les oiseaux rares, pour nous parler désormais des problèmes du Texas (son état), des élections présidentielles  ("Dieu, faites que ce ne soit pas Trump !" en conclusion...), ou, plus intime, de cette voix dans sa tête (parfaitement normale d'après lui) qui lui suggère de se suicider. On est désormais dans le quotidien, le social, « l’engagé » même comme il dit en français… et Shearwater a perdu cette beauté déviante qui en faisait un groupe hors du commun. Ou plutôt le Shearwater de 2016, avec ses musiciens entièrement renouvelés, n’a plus rien à voir avec celui de 2010 : d’ailleurs Jonathan reconnaît qu’ils ne savent pas jouer les chansons anciennes que le public lui réclame…

Le set se finit au bout d'une heure cinq avec une version sombre, solennelle et bien plus convaincante que celle de l'album de Stray Light at Cloud Hills, mais c'est le rappel qui rendra le concert finalement plus… humain, plus personnel. Jonathan nous raconte que, suite à une trop longue tournée, il s’était senti complètement aliéné, et que la musique qui l’avait aidé à tenir le coup était le « Lodger » de Bowie. Et que, logiquement, la disparition de David avait donné un sens nouveau à cette passion. Dédiées à Bowie, « où qu’il soit », voici deux extraits de « Lodger » interprétés, assez brillamment je dois dire, par Shearwater : DJ et Look Back in Anger. Lucas Oswald fait son petit Adrian Belew de manière assez convaincante, et la voix emphatique de Jonathan fait vraiment honneur aux chansons de Bowie. Une excellente surprise donc pour clôturer la soirée, même si le public autour de moi ne semblait pas connaître du tout les deux chansons. Tristesse…

2016 02 26 Shearwater Point Ephémère (30)Clôturer ? Non, pas tout-à-fait, puisque Shearwater reviendra pour un second rappel impromptu, une chanson que je ne reconnais pas, et qui n’ajoutera pas grand-chose au set.

Que va-t-il advenir de Jonathan Meiburg et son Shearwater désormais ? Il est peu probable qu’il atteigne désormais la célébrité, le sommet de la « Island Trilogy » est derrière lui ; on ne peut que lui souhaiter d’arriver à poursuivre son chemin musical, grâce à sa petite troupe de followers à travers la planète.

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