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Le journal de Pok
6 février 2016

Séance de rattrapage : "The Rover" de David Michôd

The Rover AfficheOn sait que dans tout Art, la caractéristique la plus évidente de la "décadence" est la prépondérance de la forme sur le contenu, ou plutôt un formalisme extrême qui fait que la forme n'est plus au service du fond, mais constitue l'objectif primordial de l'artiste. Pour le 7ème Art, cette situation critique, anticipée dès la fin des années 80 par l'offensive des "pubards", a même largement contaminé le cinéma dit "d'auteur" : si Michôd n'est heureusement pas atteint au même degré que l'ignoble Iñarritu, il régresse néanmoins salement dans son second film par rapport à la réussite de son premier, "Animal Kingdom". Car si l'élégance et l'intelligence de sa mise en scène bluffe le spectateur pendant la première partie du film, avec en particulier une excellente gestion du temps, qui est toute à l'honneur de Michôd, on finit par ce rendre compte que "The Rover" n'a rien d'intéressant à nous dire, si ce n'est que "l'homme est un loup pour l'homme" (... mais pas pour le chien !). Le surjeu de Pattinson, tranchant avec le sous-jeu de Pëarce (mais les deux approches sont excessives, et fondamentalement formalistes), mais aussi le désir obsessionnel qu'a Michôd de surprendre à tout prix son spectateur, soit par la mise en scène, soit par le récit, finissent par jouer contre le film, et par nous détacher des enjeux de la fiction. La dernière scène, sensée être le "twist" révélateur qui remet en perspective ce que nous venons de voir, ridiculise en fait le film tout entier, et montre que tout le récit ne fonctionnait en fait que sur la convention artificielle du comportement mutique du personnage principal. Michôd n'avait rien d'intéressant à nous raconter, il nos a juste impressionné par son savoir faire formel.

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